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d’entre elles sont destinées à la fabrication des trois groupes principaux des couleurs extraites du goudron.

Dans l’une se font les couleurs d’aniline, dont la première a été découverte en 1850 en Angleterre, en particulier la fuchsine et ses dérivés violets, bleus et verts ; les couleurs de résorcine, safranine, induline, le bleu de méthyl, l’auramine, la rhodamine, les autres couleurs basiques et leurs acides. C’est ici le royaume du benzol et de ses dérivés. La deuxième partie des bâtimens abrite l’industrie de l’alizarine artificielle : ici se fabriquent les substituts de la garance, leurs dérivés et analogues, ici règne l’anthracène. La troisième est consacrée à la fabrication des couleurs azoïques et du naphtol ; on y fabrique entre autres les couleurs substantives, c’est-à-dire qui teignent le coton sans mordans : la naphtaline est ici souveraine. Le quatrième département est celui des produits médicaux antiseptiques, antinévralgiques, antipyrétiques : l’antipyrine de Knorr, la thalline, l’acétanilide ou antifébrine, la phénacétine, le salicylate, les substituts inodores de l’iodoforme, l’antituberculine, le sérum de Behring.

Le centre, auquel se rattachent ces quatre groupes, est le cœur même de l’usine : c’est là que se préparent les nombreux produits intermédiaires qui se tirent de la distillation du goudron de houille, et qui servent ensuite à la fabrication des quatre ordres de produits que nous venons d’indiquer ; la transformation s’opère par voie d’oxydation, de réduction et de condensation, de façon à arriver à la forme définitive sous laquelle les produits entrent dans la circulation.

Après avoir reconnu les parentés des couleurs, on les a groupées en séries et en familles. Chaque graine d’idée nouvelle a fructifié. Les disciples de Liebig, Hofmann et Kekulé, ont à leur tour formé des élèves qui ont perpétué la tradition du maître. A la découverte empirique des couleurs d’aniline succédèrent leur description et leur étude scientifique. La théorie de Kekulé permit plus tard d’étudier leur constitution ; à son tour, la connaissance de leur structure amena les synthèses, auxquelles l’industrie contemporaine doit ses énormes productions. Plus de 800 brevets relatifs aux produits du goudron ont été pris en Allemagne de 1877 à 1890. Les usines contiennent un département de teinture où se trouvent réunis les échantillons les plus divers des substances qu’on colore, depuis le simple fil jusqu’aux étoffes les plus compliquées. Tous les produits ne réussissent pas : il faut