« L’exploitation, en apparence quelque peu grossière, d’une fabrique de soude, ajoutait-il, est surveillée et contrôlée scientifiquement de mille manières. On emploie en particulier les méthodes de dosage et les analyses de gaz, qui, dans une fabrique moyenne, se répètent plusieurs centaines de fois par jour. La fabrication de la soude a passé de 42 500 tonnes en 1877 à 210 000 en 1895 ; celle de la soude ammoniacale, en même temps que la production électrolytique du chlorure de calcium (chlorkalk), se sont développées : il a été construit à cet effet en Allemagne un série d’appareils que recherchent même les fabriques étrangères. »
Après avoir esquissé quelques-uns des traits caractéristiques de l’industrie des produits chimiques allemande, il est utile de la considérer sous le rapport de l’organisation générale et de l’influence qu’a pu avoir sur elle la législation de 1884, établissant l’assurance contre les accidens du travail. Cette loi a obligé les industriels de chaque branche à s’associer pour le but spécial de l’assurance, de façon à répartir les risques entre toutes les fabriques, et usines, et à diminuer ainsi un fardeau de dépenses éventuelles qui, pour chacune d’elles prise isolément, eût pu devenir intolérable. Ces unions corporatives (genossenschaften) ont groupé les chefs de chaque branche d’industrie ; elles leur ont donné l’occasion de se connaître, d’entrer en rapports réguliers. Appréciant les avantages qui pouvaient résulter de ces relations, beaucoup d’entre eux ont constitué, à côté de l’union imposée par la loi, une association libre composée des mêmes membres, dont le but est de veiller aux intérêts de leur industrie, de dresser les statistiques qui s’y rapportent, de donner son avis sur les questions de législation douanière, de traités de commerce et autres lois semblables. Ces associations ont eu pour résultat de faciliter la conclusion d’ententes entre producteurs (cartels) qui paraissent dans bien des cas aujourd’hui une des conditions nécessaires de la grande industrie ; elles ont exercé une influence considérable sur la législation des douanes, des transports. Elles ont fourni au gouvernement, composé en grande majorité de juristes, le concours officieux des hommes techniques, trop peu représentés dans ses conseils.
Les Allemands ne se sont pas arrêtés, dans cette voie des groupemens