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supérieur à celui de la plupart d’entre elles. De ce que les découvertes faites chez nous ont été exploitées à l’étranger avec plus de succès que dans nos propres usines, nous devons conclure à la nécessité de réformes, mais non à notre impuissance.


IV

L’industrie minière et métallurgique est l’une des plus puissantes de l’Allemagne : elle y est ancienne, et a cependant, dans les temps récens, réalisé des progrès considérables. Le recensement de 1895 nous indique que 458 000 personnes étaient occupées aux travaux des mines, forges, salines et tourbières, ce qui représentait une augmentation de plus de 28 pour 100 par rapport à 1882 ; 383 000 ouvriers étaient employés par la métallurgie, soit 34 pour 100 de plus qu’en 1882. Une partie de ce développement est due, il faut le rappeler, à la guerre de 1870, qui nous arracha la moitié de la Lorraine et, avec elle, une partie du bassin métallifère dont il convient de faire ici ressortir l’importance capitale pour l’industrie allemande.

La dernière révolution de la métallurgie date de l’invention du procédé Thomas, grâce auquel l’acier s’extrait des minerais de fer contenant du phosphore, que le procédé Bessemer, consistant à traiter le minerai par la voie acide, ne permettait pas d’employer à cet effet. Jusqu’à il y a une quinzaine d’années, les fabricans d’acier ne pouvaient utiliser que les minerais de choix d’Espagne, d’Afrique, de Suède, d’un prix élevé. Aujourd’hui, la présence du phosphore, non seulement n’est plus une gêne, mais rend au contraire l’opération plus aisée : l’acier s’obtient en insufflant dans la fonte en fusion de l’air chaud ; pour que l’affinage s’opère, il faut que la masse reste liquide : le phosphore, en brûlant, dégage une chaleur intense qui maintient une température élevée pendant toute la durée de l’opération et en assure le succès. Le seul gisement considérable de minerai de fer phosphoreux d’Europe est situé en Lorraine, avec un prolongement dans le Luxembourg : le traité de Francfort nous en a malheureusement enlevé une partie, mais nous en possédons encore assez pour alimenter nos usines : l’extrême pointe méridionale de ce bassin métallifère a été reconnue à Neuves-Maisons, à vingt kilomètres environ au sud de Nancy, où la Société de Châtillon-Commentry installe une grande aciérie.