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associées reçoivent du syndicat notification de la quantité maximum de charbon qu’il leur est permis de livrer pendant l’année.

Si nous prenons au hasard le bilan de quelques-unes des grandes Sociétés métallurgiques, nous relevons les résultats suivans pour le dernier exercice. L’union de Dortmund a produit 285 000 tonnes de fer et réalisé un bénéfice brut de 20 millions de marks. Les aciéries de Bochum, dirigées par M. Baare, dont le père avait fondé la société il y a un demi-siècle, ont gagné plus de 5 millions de marks, soit le double de l’année précédente. La société Laura, en Silésie, gagne 6 millions de marks, distribue un dividende de 10 pour 100 et clôture l’année avec un carnet de commandes de plus de 10 millions. Sa production de houille et de fer, en Silésie aussi bien qu’en Russie, a encore augmenté durant le dernier exercice ; les ateliers de construction ont doublé la leur. Il a été extrait 1 700 000 tonnes de houille et produit 180 000 tonnes de fer brut.


V

Parmi les industries modernes, s’il en est une qui paraisse pleine d’avenir et de promesses, c’est celle qui s’occupe des applications de l’électricité. Cette force nouvelle, à peine soupçonnée il y a un demi-siècle, révolutionne déjà l’industrie des transports et ne paraît être encore qu’à la veille de tout ce qu’elle nous réserve de surprises. Les Allemands sont entrés en ligne avec une énergie remarquable ; ils ont su acquérir, il y a relativement peu d’années, des brevets d’inventions faites en d’autres pays, et en tirer une série d’applications ; ils ont eu surtout l’art de s’assurer dans le monde entier des commandes, qui ont affermi la prospérité de leurs usines et leur ont permis de donner à leurs installations un développement prodigieux.

Il est tout à fait surprenant de voir comment un certain nombre de grandes maisons ou sociétés ont, sans faire aucune découverte essentielle, profité de découvertes étrangères, et développé en une quinzaine d’années une industrie qui est aujourd’hui citée comme modèle dans le monde entier. N’est-il pas étrange de penser que c’est chez nous, à Paris, qu’une société berlinoise est venue acheter les brevets Edison ? et n’y a-t-il pas quelque amertume à nous demander pourquoi ce n’est pas nous qui avons, en France, eu le courage de procéder à l’installation