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l’Académie, mais d’une réfutation en forme d’un des plus éminens parmi eux. Ce procès vivement débattu, et toujours pendant, à certains égards du moins, sera, nous l’espérons, renvoyé des deux parts au tribunal du public savant. » A la date de 1867, la question n’était pas encore tranchée. M. G. Perrot disait alors : « A Athènes, les assemblées paraissent s’être tenues d’abord dans la vallée qui se creuse à l’ouest de la citadelle[1]. » C’était l’agora ancienne. L’autre agora, d’après M. Ed. Guillaume, aurait existé au nord de l’Acropole, dans le quartier appelé Erétria. Le portique dorique, construit à l’époque d’Auguste et qui existe encore, aurait été une de ses entrées[2].

Ces recherches méthodiques, tant autour d’Athènes que dans l’enceinte même de l’ancienne ville, devaient, de proche en proche, inspirer l’idée de dresser une carte de la cité, d’après les monumens et les vestiges qui s’y voyaient encore. Cette pensée, M. Emile Burnouf la conçut de bonne heure. Un jour que nous nous promenions sur la partie supérieure des rochers qui sont au sud-ouest de l’Acropole, il me montra, dans le granit, des rainures assez profondes, creusées évidemment avec un pic en fer et dessinant des rectangles réguliers, de grandeur quelquefois égale, et alignés tant bien que mal comme pour former une rue. Il croyait que ces rectangles étaient les traces d’autant de maisons très petites. Cette exiguïté n’était pas une raison de juger que des demeures pareilles n’auraient pu être habitées. Les anciens Athéniens, dans ce pays où l’hiver était bien court, vivaient beaucoup devant leur porte ou sur les places ; sans doute aussi, ils couchaient souvent dehors, en été, comme font leurs descendans. En effet, lorsque nous allions de grand matin prendre des bains de mer à Munychie, nos voitures cheminaient en ville entre deux lignes de familles hellènes couchées sans façon à droite et à gauche sur le trottoir. Elles y prenaient des ophtalmies, comme leurs ancêtres, qui, pour s’en guérir, s’en préserver ou remercier d’en être délivrés, offraient à Esculape des ex-voto, dont beaucoup consistaient en un œil d’or ou de quelque matière précieuse, ainsi que l’apprennent les catalogues découverts par M. Paul Girard. Ces traces de maisonnettes et l’étude qu’il en fit, en y joignant des indications de textes, furent pour M. Emile Burnouf les premiers élémens d’un plan qu’il étendit et compléta. Dans ce

  1. Essai sur le droit public à Athènes. Paris, 1867, p. 11.
  2. Dictionnaire des Antiquités. Article Agora, par MM. Caillenier et Ed. Guillaume.