genre de travail, il était servi non seulement par sa perspicacité, mais encore par une rare habileté de dessinateur. J’ai devant les yeux une image fidèle de l’Acropole qu’il a exécutée à l’aquarelle avec une étonnante sûreté de main. Grâce à ce tableau, qu’il m’a donné, il me semble, quand j’y porte mes regards, être encore là-bas près des restes du théâtre de Dionysos. Il a reconstitué la carte de l’ancienne Athènes de telle sorte, secondé par sa triple aptitude de savant, de topographe et de dessinateur, que nos successeurs vont, de leur propre aveu, la consulter au ministère de l’Instruction publique où elle est conservée. M. Guigniaut, qui fut professeur de géographie à la Sorbonne, avant M. Himly, ne parlait de cette carte qu’en termes admiratifs.
Les recherches géographiques et topographiques franchirent bientôt les limites de l’Attique. Dès les premiers voyages, naquit le besoin de pousser les excursions dans tous les sens. Ce n’étaient encore, il est vrai, que des reconnaissances, mais précédées de tant d’études, poursuivies si attentivement dans leur courte durée, qu’il s’y forma d’amples provisions de connaissances précises dont ont profité pendant de longues années des leçons de lycée, d’un caractère nouveau, et des cours de faculté d’un attrait auparavant inconnu. Parmi ces récoltes heureuses, il faut compter les écrits de M. Ch. Benoît sur Milo et de Louis Lacroix sur l’Egypte. Qu’on n’y cherche pas ce que leurs auteurs n’ont nullement prétendu y mettre. Le mérite de ces relations descriptives consiste en ce qu’elles sont l’œuvre de lettrés très instruits qui ont vu, et bien vu, ce dont ils parlent. Comme moi, d’ailleurs, ils n’étaient restés en Grèce que quatorze ou quinze mois.
La géographie savante, approfondie, fut inaugurée par ceux de nos amis qui eurent le privilège de demeurer à Athènes deux et trois ans. Peu importe qu’ils n’aient publié qu’ultérieurement les résultats de leurs travaux ; c’est pendant leur mission qu’ils les avaient mûris. De Toulouse, où il faisait la classe de philosophie en 1854, M. Emile Burnouf envoya un Voyage d’Athènes à Corinthe. C’était un mémoire, dont la lecture à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres fut autorisée. Il avait pour objet l’exposé d’une exploration très attentive et très complète, faite, il y avait quelques années, de l’isthme de Corinthe et des ruines