contrôler leurs mythes par les témoignages des écrivains qui, comme Pausanias, par exemple, allaient s’informant dans chaque pays des traditions naïves qui avaient résisté à l’épreuve du temps. Sans doute, une science récente, en Allemagne et en France, a pu signaler entre les plus anciens mythes grecs et les conceptions religieuses de l’Inde, des relations telles que ceux-là semblent parfois dériver de celles-ci. Mais encore a-t-il fallu que les mythes venus de l’Inde fussent susceptibles de s’adapter par certains côtés à la constitution physique et aux dispositions religieuses des peuples de la Grèce auxquels ils étaient apportés. Ceux-ci les adoptaient à cause de ces affinités et se les assimilaient en vertu de convenances naturelles. Ils en étaient donc les auteurs, du moins au second degré, de par leur nature et de par la nature du pays. C’est par conséquent, en grande partie, à cette nature qu’il est utile d’en demander la plus ancienne signification. M. Emile Burnouf, dans le chapitre essentiel de sa thèse sur Neptune, a procédé à cette interrogation de plusieurs contrées du Péloponèse, et surtout de l’Arcadie, où se manifestent avec force les attributs de ce dieu des eaux et de toutes les puissances de l’élément humide. Dès 1850 donc, la première promotion entrait dans la voie des études mythologiques les plus profondes.
D’autres l’y suivirent bientôt. Ce qui les y conduisit, outre ce bon exemple, ce fut l’idée juste que les mythes les plus antiques sont aussi les plus originaux, parce que la poésie, les arts, la civilisation, n’en ont pas encore effacé le premier caractère. Mais les mythes les plus antiques ne sauraient être retrouvés que chez les peuples les plus anciens de la Grèce, chez les plus vieilles cités helléniques. Que s’il a existé en Grèce une région qui n’ait pas été ravagée par de fréquentes invasions, qui, n’ayant pas subi l’occupation des races étrangères, ait conservé ses mœurs d’autrefois et soit restée toujours inculte et pieuse à la fois, cette région est vieille, ses dieux, son culte, ses croyances sont vieux comme elle et, comme elle, demeurés intacts. Là se montreront les mythes purs de toute altération. M. Al. Bertrand fait observer que la Bretagne a gardé sa foi religieuse avec une invincible ténacité. Or, dit-il, il existe, dans le Péloponèse, une province très semblable en ce point à la Bretagne : c’est l’Arcadie. Voilà un précieux terrain d’investigations mythologiques. D’ailleurs, quelle région est plus ancienne ? Pausanias, Apollodore, s’accordent à cet égard ; Ovide dit que les premiers habitans de