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et la rate, et tous les tissus en renferment des quantités plus ou moins appréciables.

Quoi qu’il en soit, cette notion de l’existence du fer dans le globule rouge constituait un grand progrès et allait servir à éclairer et à relier entre eux tous les faits acquis par l’observation empirique. Elle permit tout d’abord de comprendre en quoi consiste l’appauvrissement du sang et de se rendre compte de ses causes et de ses degrés.

La richesse du sang tient au nombre des globules rouges, et, dans le globule à la quantité de matière rouge, et par conséquent de fer : son appauvrissement est dû à une diminution correspondante. On a imaginé des procédés de mesure pour en apprécier la valeur exacte. On compte le nombre des globules ; des instrumens ingénieusement combinés, colorimètres, hématomètres, spectrophotomètres font connaître la quantité de matière colorante ; l’analyse chimique fournit la teneur en fer. Ce sont là trois ordres de déterminations qui se contrôlent et se complètent. Elles concordent, en général, c’est-à-dire que la couleur et le fer diminuent en même temps que le nombre des globules ; c’est le cas des anémies dont il a été ici question ; elles sont dues à l’« hypoglobulie » ou à « l’aglobulie », c’est-à-dire à une altération du nombre des globules, chacun ayant conservé d’ailleurs assez sensiblement sa constitution normale.

D’autres fois, l’altération est plus profonde : ce n’est pas seulement le nombre des globules qui se trouve diminué, mais quelques-uns d’eux sont individuellement altérés, malformés, imparfaitement développés, frappés dans leur vitalité comme dans leur constitution. C’est le cas de la chlorose ; et le médecin en est averti, en même temps que par l’examen microscopique direct, par la discordance des déterminations précédentes du nombre, de la couleur, et de la teneur en métal. La chlorose est donc une anémie aggravée par une anomalie constitutionnelle du globule rouge. Des observateurs se sont attachés récemment à préciser la nature des premiers désordres par lesquels se décèle avant toute altération visible la maladie du globule. Ils ont vu que la matière colorante n’est pas affectée, qu’elle est seulement moins fortement retenue par l’élément. Comme un tissu mal teint qui cède sa couleur à l’eau de lavage, le globule est devenu incapable de conserver sa teinture rouge en face de liquides à l’action desquels il résisterait normalement. On a constaté, en outre, que