grande compagnie de l’Olekma avait extrait, en 1880, 8 400 kilogrammes d’or, soit plus de 25 millions de francs, et se maintenait encore à 18 millions, en 1896. C’est l’une des plus grandes productrices d’or du monde.
Avec l’établissement de bons moyens de transport, surtout s’il est accompagné d’une réforme libérale de la législation, la Sibérie ne saurait tarder à voir se développer énormément la production de ses placers de la Transbaïkalie, de l’Amour et de la Lena, et sans doute aussi avoir revivre les mines de l’Altaï et de l’Iénisséi, d’autant qu’on ne tardera pas, de ce côté surtout, à s’attaquer aux filons eux-mêmes. Déjà les capitaux européens s’occupent de l’Asie russe : plusieurs missions d’ingénieurs français l’ont explorée depuis trois ans, et je n’ai pas été peu surpris de rencontrer en bateau, sur le fleuve Amour, deux ingénieurs anglais que j’avais vus en décembre 1895 sur les lointains champs d’or du Transvaal. Pas plus que les ressources agricoles, les grandes richesses minières ne font défaut à la Sibérie, et la main-d’œuvre même n’y est pas excessivement rare ; ce qui lui manque encore, mais ce qu’elle peut avoir bientôt, ce sont les capitaux et surtout les méthodes scientifiques pour la mise en valeur du sol et du sous-sol.
Les mines d’argent de Nertchinsk, célèbres autrefois jusqu’en Occident, parce qu’elles passaient pour le pire des bagnes sibériens, n’ont plus d’importance aujourd’hui, et les perspectives du métal blanc sont trop peu brillantes pour qu’on puisse espérer leur en voir reprendre dans un avenir prochain ; mais le cuivre, le fer et la houille sont abondamment distribués en de nombreux points du pays et paraissent constituer une de ses principales et de ses plus durables richesses. Le cuivre, dont les applications se développent tous les jours au fur et à mesure des progrès de l’électricité, n’est encore exploité nulle part ; on sait, néanmoins, que d’excellens minerais existent sur le haut Iénisséi, dans le district de Minousinsk, célèbre aussi en Sibérie par ses ressources agricoles ; et d’autres se trouvent plus à l’ouest, sur l’Irtych. Le fer est aussi en très grande quantité dans ces régions occidentales, dans les montagnes de l’Altaï et sur les bords de l’Iénisséi, puis au centre, dans la vallée de l’Angara, et à l’est, en Transbaïkalie. On l’exploite même quelque peu, et il existe en Sibérie quatre forges au bois, d’une certaine étendue. Enfin le minéral le plus essentiel à notre civilisation, la houille, est distribué certainement