Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 146.djvu/359

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’entre elles jalonnent la grande voie de poste et de commerce qui part du pied de l’Oural, à Tioumen, pour aboutir aux bords du Pacifique, à Vladivostok, et se trouvent toutes aux points de croisement de cette route et de vallées fluviales ; une autre, Omsk, est au point où le chemin de fer transsibérien, qui passe plus au sud que l’ancienne voie de terre, coupe l’Irtych ; Tobolsk, l’ancienne capitale de toute la Sibérie, aujourd’hui bien déchue, au confluent du même Irtych et du Tobol, est aussi à la jonction de deux voies de communication ; Barnaoul seule, sur le haut Obi, est à l’écart des grandes artères, mais au centre du district agricole le plus favorisé de la Sibérie. Nombre de petites villes marquent aussi les croisemens de la voie de poste et des plus considérables parmi les vallées secondaires. Toutes ces cités sont des centres de distribution des articles manufacturés qui arrivent de l’Europe, en même temps que des entrepôts où viennent se réunir les produits de ces vallées qui doivent être exportés.

Elles sont administratives et commerçantes à la fois : dans chaque gouvernement, sauf celui de Tobolsk, le chef-lieu est la plus grande ville, et les nombreux fonctionnaires qui y résident, les établissemens officiels variés qui s’y trouvent, contribuent dans une large mesure à lui donner de l’importance ; dans la région de l’Amour et du littoral, les garnisons viennent s’ajouter aux tchinovniks civils : à Vladivostok, la population russe se composait, en 1895, de 2 780 civils seulement, auxquels il fallait joindre 189 exilés, So5 fonctionnaires et prêtres (leurs femmes et leurs enfans compris) et 10 087 officiers et soldats (avec leurs familles). A Khabarovsk, l’élément officiel est encore plus prépondérant. Sauf Blagoviestchensk, placé au confluent de l’Amour et de la Zeya, et qui doit son activité au voisinage des mines d’or, les villes de la Sibérie orientale ne sont que des camps ou de grands villages, comme Teinta et Nertchinsk, dont les isbas sont perdues au milieu de rues et de places d’une largeur démesurée, et dominées de loin en loin par la masse énorme et blanche de quelque édifice gouvernemental.

Entre l’Oural et le Baïkal, au contraire, on trouve de vraies villes qui ont une existence propre et se sont développées plus naturellement. Ce n’est pas qu’elles soient bien agréables aux yeux de l’étranger ; elles se ressemblent fort et ressemblent aussi aux villes russes de province : de Saratof ou de Samara, de bien des quartiers de Moscou même, à Irkoutsk ou à Tomsk, la différence