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1875. Les conservateurs avaient pris à cet égard au cours de la campagne électorale des engagemens formels et en seconde lecture, le bill Mundella fut voté par 216 voix. Mais entre la seconde et la troisième lecture, le vicomte Cross déposa au nom du gouvernement un projet de loi qui reproduisait la proposition Mundella en y apportant certaines modifications, et le nouveau Factory’s Act fut adopté avec la limitation des heures de travail fixée à cinquante-six heures et demie au lieu de cinquante-quatre. Cette fois encore, les conservateurs eurent l’habileté de prendre à leur compte une réforme extrêmement populaire, mais l’initiative prise par Mundella ne fut pas oubliée et lui valut de la part des ouvriers les témoignages les plus touchans de reconnaissance.

Malgré la longueur de la citation, il me semble impossible de ne pas reproduire quelques passages d’un article du Manchester Guardian publié le lendemain de la mort de Mundella et relatant la grande manifestation du 9 août 1884, dans laquelle huit mille ouvriers des manufactures de coton du Lancashire, du Cheshire et du Derbyshire vinrent solennellement remercier le promoteur du Factory’s Act de 1875.

Ces braves gens avaient ouvert une souscription pour offrir à Mme Mundella un très beau buste en marbre de son mari, œuvre du sculpteur Boehme et une garniture de flambeaux d’argent.

Ces présens étaient accompagnés d’une adresse signée par le président du comité de souscription et par les secrétaires généraux des Unions des Filateurs et Tisseurs de coton, MM. Mawsdley et Birtwhistle. La remise en fut faite dans la grande salle de l’hôtel de ville de Manchester. Le maire qui présidait la réunion fit l’éloge de Mundella et lut une lettre de lord Shaftesbury s’excusant de ne pouvoir venir féliciter son vieil ami. M. Birtwhistle rappela les luttes qu’avait eues à soutenir l’auteur de la loi de 1875 et l’opposition qui lui avait été faite : il déclara que les craintes manifestées à cette époque ne s’étaient pas réalisées.

Mundella remercia en termes émus les membres de la réunion :

« Vous avez bien voulu me dire que cette législation avait été pour vous le plus grand des bienfaits, que la loi que j’ai présentée a apporté dans vos foyers un peu de joie et de soleil et qu’elle vous avait procuré quelques loisirs pour vous reposer et vous instruire. Si j’ai vraiment pu le faire, je suis plus que récompensé. On avait dit que les patrons en souffriraient et que ce serait la