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plus que des mutations de matière et des mutations d’énergie ; ces deux sortes de métamorphoses étant gouvernées par deux lois égales en nécessité, la conservation de la matière et la conservation de l’énergie, qui expriment : la première, que la matière est indestructible et passe d’une détermination phénoménale à l’autre intégralement au taux d’égalité pondérale ; la seconde, que l’énergie est indestructible, et qu’elle passe d’une détermination phénoménale à l’autre au taux d’équivalence fixé pour chacune des catégories par les découvertes des physiciens.


La première question que l’Energétique ait ensuite à examiner est celle des différentes formes sous lesquelles se présente l’énergie : elle doit envisager chacune d’elles par rapport à chacune des autres, déterminer si la transformation de l’une dans l’autre est réalisable directement et par quels moyens et suivant quel taux d’équivalence. C’est une œuvre laborieuse qui oblige à parcourir le champ entier de la Physique.

Cet examen aboutit à montrer que l’énergie mécanique peut se muer en toutes les autres, et toutes les autres en elle, à une exception près, celle de l’énergie chimique. Ce que l’on sait du rôle de la pression dans les réactions de dissociation, semble au premier abord démentir cette assertion. Mais ce n’est là qu’une vaine apparence. La pression n’intervient dans ces opérations que comme travail préliminaire ou d’amorçage destiné à mettre les corps en présence, dans l’état même où il faut qu’ils soient pour que les affinités chimiques puissent entrer en jeu.

Il y a, à propos des énergies calorifique et lumineuse, une autre observation à faire. Ce ne sont point deux formes réellement et essentiellement distinctes, comme le croyait l’ancienne physique. A considérer les choses objectivement, il n’y a pas de lumière absolument sans chaleur ; c’est le même agent qui, dans un certain intervalle de son échelle de grandeurs, impressionne inégalement la peau et la rétine de l’homme et des animaux ; la différence est imputable à la diversité de l’organe et non à la diversité de l’agent. Au moindre degré d’activité, cet agent n’exerce aucune action sur les terminaisons des nerfs cutanés thermiques, ni sur les terminaisons nerveuses optiques : son degré augmentant, les premiers de ces nerfs sont impressionnés (froid, chaleur) et le sont à l’exclusion des nerfs de la vision ; puis ils sont impressionnés les uns et les autres (sensation de chaleur et de