crut sage de défendre, avec ses amis sûrs, contre ses ennemis déclarés ou hypocrites, la volonté des peuples, la stabilité des États et sa propre influence.
Elle ne fut pas arrêtée par la pensée qu’il lui faudrait acheter ces avantages et, surtout en France, céder aux prétentions gallicanes des souverains. La papauté, consciente de sa force, ne craignait pas une doctrine en déclin. Ce déclin n’apparaissait pas si nettement au clergé français : on eût dit, tant les événemens avaient marché vite, que ses idées n’avaient pu suivre. Dans ce clergé, l’épiscopat se distinguait par la ferveur de sa dévotion envers le pouvoir politique. Une partie de ces évêques, choisis par Napoléon, avaient été accoutumés à fléchir sous les orages de sa volonté : comme les arbres qui, sur les bords de l’Océan, vivent au vent de la tempête, et poussent ployés du côté où elle souffle, ils étaient incapables de se redresser désormais. Les autres, amis éprouvés de la monarchie légitime, avaient, dans les périls de la révolution, ou les humiliations du joug impérial, senti combien la nature du gouvernement importe à la prospérité de l’Eglise, et à chaque épreuve, regretté davantage l’ancienne race de rois qui maintenait avec le catholicisme une union parfois orageuse mais fidèle. Quand un prodige des circonstances rendit le pouvoir à cette famille, ils crurent qu’ils ne lui feraient jamais le gouvernement trop facile, et que toute résistance, fût-elle juste en soi, si elle affaiblissait la royauté, deviendrait coupable. De là, en faveur de la monarchie et de tous ses désirs, une disposition indulgente, tendre, partiale, quelque chose de ce que les mères éprouvent pour les fils considérés comme perdus, déjà pleurés, quand ils semblent renaître, et quand elles craignent de tarir, par la moindre opposition même aux caprices, les sources mystérieuses de cette vie fragile et seulement prêtée à leur tendresse.
Les grands séminaires, où se forme la pensée ecclésiastique, gardèrent, sous cette influence, toutes les traditions du passé. Ainsi se perpétua la croyance que la souveraineté de l’Eglise était partagée entre la Papauté et l’épiscopat ; ainsi le goût d’autonomie qui défendait contre le droit commun du catholicisme, les coutumes, la discipline, la liturgie particulières à la France ; ainsi la prétention qu’un privilège unique faisait cette église à la fois distincte de toutes les autres, maîtresse d’elle-même et attachée au centre commun. Néanmoins, cette immobilité ne retenait plus aussi dociles les âmes qu’une attraction nouvelle d’obéissance