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Amérique, en Australie, en Asie. De nombreux Allemands y ont organisé des maisons de commerce, des comptoirs, des factoreries. Beaucoup de ces dernières existent en dehors des colonies officielles, par exemple à Konakre, en face de la Sénégambie ; sur la Côte d’Or près d’Accra ; sur la côte des Esclaves, à Porto-Seguro, à Lagos ; à Zanzibar, au Mozambique. Il y en a en Australasie, à Samoa, Jaluit, Taïti, Sumatra. D’importantes plantations ont été organisées dans l’Amérique Centrale, dans les Indes Occidentales. Au Guatemala, au Honduras, au Mexique, au Venezuela, à Saint-Domingue, Cuba, Porto-Rico, à la Trinité, des entreprises allemandes, de plus en plus considérables, s’occupent de récolter les produits tropicaux. Dans toute l’Amérique centrale et méridionale, les Allemands ont des dépôts de marchandises, dont la valeur atteint souvent plusieurs millions. Une série de banques ont été constituées ; la Banque brésilienne pour l’Allemagne, au capital de 10 millions de marcs, établie à Rio-de-Janeiro, Saint-Paul et Santos ; la Banque allemande d’outre-mer, au capital de 20 millions, avec succursales à Buenos-Ayres et Valparaiso ; la Banque allemande au capital de 15 millions de marcs, établie à Shanghaï avec succursales à Tientsin et Calcutta ; la Banque pour le Chili et l’Allemagne, établie à Valparaiso avec un capital de 10 millions. Ces banques règlent les échanges entre l’Allemagne et ces divers pays : elles servent d’intermédiaires aux capitaux allemands qui y cherchent des placemens, et d’instrument aux négocians allemands qui y sont établis et ne trafiquent pas seulement avec la mère patrie, mais avec maintes autres contrées.

Les Allemands se sont intéressés à une foule d’entreprises industrielles d’outre-mer : ils ont construit le chemin de fer Keneh-Assouan ; la majorité des actions et obligations des chemins de fer sud-africains sont entre leurs mains ; ils ont fait, dans les valeurs de chemins de fer américains, des placemens qu’on n’évalue pas à moins d’un demi-milliard de francs. C’est l’Allemagne qui a fourni en grande partie les fonds du chemin de fer brésilien de Minas occidental, des chemins de fer anatoliens, de la Turquie d’Europe (connus sous le nom de chemins orientaux), de Salonique-Monastir, du Grand chemin de fer vénézuélien. Aux États-Unis, les Allemands ont fondé nombre d’usines et de manufactures : brasseries, fabriques de chapeaux, de papier, de savon, de machines, de dynamite, teintureries, tissages, fonderies.