Ils ont des intérêts importans dans les compagnies Liebig, les exploitations nitratières du Chili, les mines de l’Amérique et de l’Afrique du Sud. Le chiffre des capitaux ainsi engagés s’élève à plusieurs milliards : on les estime par exemple à 140 millions de marcs au Guatemala, à 375 au Mexique, à 200 au Venezuela, à 600 au Brésil, à 100 au Chili. Dans ces totaux ne figurent pas les sommes placées par les Allemands dans les titres de rente de ces divers pays.
D’après Schmoller, l’Allemagne possédait, en 1892, pour environ 10 milliards de marcs de valeurs étrangères, soit un dix-septième environ de la fortune nationale, que Becker évaluait à 175 milliards, avec un accroissement annuel de 3 pour 100. Schmoller considérait que l’Allemagne plaçait annuellement un milliard en valeurs mobilières, dont plus d’un tiers, de 1883 à 1892, étaient des valeurs étrangères, principalement des fonds d’Etat et des obligations de chemins de fer. Aux trois bourses de Berlin, Francfort et Hambourg se négocient près de 200 espèces de titres de pays d’outre-mer. Déjà en 1892 les seuls placemens en cette catégorie de valeurs mobilières rapportaient 500 millions, et l’ensemble des revenus dérivés de cette source d’affaires atteint un chiffre bien plus considérable.
Il a fallu développer la représentation consulaire allemande, de façon à assurer la défense de ces intérêts : aussi le nombre des consulats a-t-il passé de 556 en 1872 à 697 aujourd’hui. Nous avons dit de quelle façon efficace et énergique ces agens travaillaient pour leurs nationaux. Nous devons ajouter que notre corps consulaire français ne le cède à aucun autre ; et que, si nos compatriotes ne développent pas davantage leurs entreprises au dehors, ce n’est pas faute d’avoir été avertis et renseignés : la collection des rapports de nos agens renferme à cet égard les documens les plus précieux.
Un dernier point nous reste à examiner. Nous avons vu l’essor pris par les finances, l’industrie et le commerce allemands : dans quelle mesure les conditions douanières ont-elles contribué à ces résultats ou les ont-elles retardés ? Quels ont été, quels sont aujourd’hui les traités au moyen desquels l’Allemagne a réglé ses rapports commerciaux avec les pays étrangers ? Quelles sont, à cet