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grand affluent de gauche, la Bénoué, et tous les cours d’eau de la côte de Guinée. Ce n’est que la moitié du Soudan, qui s’étend jusqu’au Nil à l’est. Mais on restreint souvent le sens du mot aux pays du Niger, qui nous intéressent seuls ici[1].

Ainsi déterminé, le Soudan est un vaste plateau au relief simple et peu considérable : 400 à 600 mètres. Entre le Fouta-Dialon (haut d’un millier de mètres) à l’ouest, et les monts du Sokoto, doubles d’altitude, à l’est, peu de hauteurs émergent du plateau : les monts du Hombor (800 à 1 000 m.), isolés comme des îles en mer ; le Mossi et le Kipirsi (700 m.), quelques monts du pays de Kong (1 000 à 1400 m.), le pic de Naouri (1 800 m.), le massif de l’Atakora encore mal connu. Du Dahomey au Niger, le capitaine Toutée n’a rien vu de plus culminant que la montagne Sainte-Geneviève. Au nord, le plateau se lie à celui du Sahara ; au sud, il descend par gradins vers la Mer. C’est ce front de plateau que les géographes appelèrent monts de Kong jusqu’au jour où le capitaine Binger établit qu’ils n’existaient pas. Le littoral n’est qu’alluvions basses ; la Côte d’Or seule est rocheuse.

Sur ce plateau, le Niger s’est creusé un lit de 4 200 kil. environ ; 1 800 kil. séparent les deux extrémités. Né à 850 m. d’altitude, il est déjà tombé à 316 m. à Bammako ; sa pente est donc très douce, bien plus même que celle de nos fleuves français, mais est mal répartie et varie brusquement. Ces rapides, changés en chutes aux basses eaux, sont les débris d’anciens barrages qui longtemps retinrent les eaux en lacs superposés.

Le fleuve est navigable dès Kouroussa, au confluent du Tankisso, pendant cinq mois, régulièrement, jusqu’aux récifs de So-tuba, près Bammako. Les crues ont déjà là de 6 à 8 mètres. Puis, sur 1 700 kil., le fleuve est encore navigable ; c’est une nappe large de un à plusieurs kilomètres, semée d’îles verdoyantes. Les difficultés ne commencent qu’après Tombouctou ; au défilé de Tosaye, large de 90 m., où l’on ne peut atteindre le fond avec une lanière mince découpée dans toute une peau de bœuf, la mission Hourst a passé sans encombre. Mais d’Ansongo jusqu’à 300 kil. aval, ce ne sont que barres, îles, roches ; à Labézenga, le fleuve a 15 m. de large. La navigation reprend ensuite jusqu’à Boussa ; de là

  1. Voir la carte d’Afrique au 1 : 10 000 000 de la Société de Géographie (1897) ; celle de l’Atlas Vivien de Saint-Martin au 1 : 10 000 000 ; la carte de la boucle du Niger au 1 : 6 000 000 dans l’Année cartographique (1895, Hachette) ; la carte de la boucle du Niger dressée par le service géographique des Colonies (au 1 : 1 500 000 ; 1897).