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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 147.djvu/649

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paillettes brillantes ; le feldspath, souvent en cristaux isolés, reconnaissables à leur couleur rosée.

L’acide silicique ou silice (formé par la combinaison d’un corps simple, le silicium, avec l’oxygène) fait partie intégrante du mica et du feldspath ; isolé, il constitue le quartz. C’est parfois une matière admirable, transparente, bien cristallisée et désignée sous le nom de cristal de roche[1] ; dans les petites paillettes feuilletées du mica, la silice est unie à de l’alumine, à de l’oxyde de fer, à de la chaux ; et dans le feldspath, encore à de l’alumine, mais, en outre, à de la potasse, de la soude, de la magnésie, ou de la chaux. Le feldspath est fusible aux températures élevées et quand il est blanc, on l’emploie à former la couverte, ce vernis vitreux qui rend les objets en porcelaine imperméables aux liquides.

Les autres roches primitives, telles que les pegmatites, les porphyres, les syénites, bien que différentes du granit, présentent, au point de vue spécial où nous nous plaçons, des propriétés analogues. Quand ces roches sont intactes, qu’elles se sont conservées au travers des âges, elles sont dures, compactes ; l’eau glisse sur leur surface sans les pénétrer. Si elles avaient persisté à cet état sans subir aucune métamorphose, la vie n’aurait pu apparaître à la surface du globe.

Il n’en a pas été ainsi ; ces roches sont, au contraire, altérables ; elles se fendillent, se brisent, tombent en poudre, elles se décomposent même, et la terre que nous cultivons est formée par leurs débris.

Au premier abord, on a quelque peine à concevoir comment des roches aussi dures que le granit, que nous voyons persister intact dans les monumens égyptiens depuis des milliers d’années, aient pu donner nos terres meubles, formées de particules impalpables… Essayons cependant de nous figurer comment cette métamorphose s’est produite, et dès le début, rappelons-nous que, dans les phénomènes géologiques, il faut toujours faire entrer en considération le temps !

Quand une matière, fondue par l’action du feu, est brusquement refroidie, elle reste après sa solidification extrêmement

  1. Un des plus beaux exemplaires connus se trouve à l’entrée de notre galerie de minéralogie du Muséum d’histoire naturelle. Il a fait partie des objets rapportés d’Italie par Bonaparte en 1796. — Soigneusement caché en 1814-1815, au moment des revendications des alliés, il nous est resté.