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friable. Toutes les personnes qui ont visité des verreries ont été sollicitées par les petits apprentis, les gamins, de leur acheter des larmes bataviques. Elles ont l’apparence de petites poires, terminées par une queue grêle et recourbée ; on les obtient en coulant du verre fondu dans de l’eau froide ; si on place les larmes dans un linge épais, de façon à éviter les éclats et qu’on brise la pointe recourbée avec une pince, on entend un craquement et en ouvrant le linge, on en tire une fine poudre de verre. Il a suffi d’un ébranlement dans la masse, pour amener non seulement sa rupture, mais sa pulvérisation complète.

Dans les cours de chimie, on montre l’instabilité des matières fondues, brusquement refroidies, on coulant en couche mince du borax sur une plaque métallique ; quelques instans après sa solidification, la masse se brise en projetant des éclats ; la surface vitreuse, qui tapisse le creuset dans lequel a eu lieu la fusion, fait entendre pendant plusieurs minutes un craquement continu, et quand on l’examine, on la trouve entièrement fendillée.

Dans la fabrication des glaces, on évite la rupture des grandes plaques de verre, laminées lorsque à la sortie du four la masse est encore pâteuse, en ne les laissant arriver à la température ordinaire qu’avec une extrême lenteur, en les recuisant. Si leur refroidissement est brusque, elles se fendent et sont perdues.

Ces phénomènes de rupture ne se produisent pas seulement dans les laboratoires ou les usines, on les observe également dans les laves qui s’écoulent des volcans. Les nombreux touristes, qui font chaque année l’ascension classique du Vésuve voient les coulées qui couvrent les flancs du volcan fissurées, fendillées, brisées en fragmens : les laves anciennes montrent également ces fissures, et les baigneurs de Royat, en Auvergne, les ont constamment sous les yeux.

Les roches primitives, les laves parvenues fondues à la surface de la terre, puis exposées à un brusque refroidissement, ont donc une tendance naturelle à la rupture ; si cependant aucune autre force n’était entrée en jeu, les pierres n’auraient sans doute pas subi les altérations profondes qui les ont amenées à l’état de terres végétales ; d’autres causes, en effet, ont contribué à leur désagrégation.

A mesure qu’au cours des âges notre planète s’est refroidie, une croûte solide a séparé du noyau central, encore incandescent, l’atmosphère dont le globe est entouré. Cette atmosphère était