prennent l’aspect caractéristique des cailloux roulés… le sable est le résidu de cette usure. Sa formation se poursuit sous nos yeux ; à marée haute, sur toutes les plages à galets de la Manche, au bruit sourd de la vague, régulier comme une respiration, succède le cliquetis des cailloux roulant les uns sur les autres ; ils se polissent par le frottement, et les plages, couvertes du sable provenant de leur usure, s’allongent au-dessous des grèves à galets.
La rupture spontanée des roches brusquement refroidies, leur fendillement par suite des changemens de température qu’elles subissent, leur exfoliation par la gelée, leur usure pendant qu’elles sont charriées par les eaux, amènent leur pulvérisation, déterminent la production de l’élément principal de nos terres cultivées, le sable.
Le deuxième élément dominant, l’argile, ne provient plus d’une simple désagrégation mécanique des roches primitives, mais bien d’une altération plus profonde, d’une décomposition chimique.
Les feldspaths, qui font partie intégrante des granits, sont des silicates d’alumine et d’une autre base, comme la potasse, la soude, la chaux, etc. Or, ces derniers silicates sont très attaquables par l’acide carbonique que renferme encore notre atmosphère, mais en bien moindre proportion qu’aux époques géologiques.
Pour montrer dans un cours combien cette attaque est rapide, on emploie une dissolution étendue de silicate de potasse, de ce produit que les anciens chimistes désignaient sous le nom expressif de « liqueur de cailloux », parce qu’ils l’obtenaient en faisant fondre du gravier dans du carbonate de potasse ou de soude liquéfié par l’action du feu. L’acide silicique, à la température rouge, déplace l’acide carbonique de ses combinaisons ; à froid, c’est la réaction inverse qui se produit.
On verse dans une éprouvette haute et étroite une dissolution étendue de silicate de potasse, puis on y dirige un courant d’acide carbonique. Quand il a traversé pendant quelque temps le liquide, un trouble y apparaît ; il augmente peu à peu, transformant la dissolution en une masse gélatineuse, au travers de laquelle les bulles de gaz ont peine à se frayer un passage ; cette masse est formée de silice ou acide silicique en gelée. Cette matière affecte donc des états très différens : anhydre, cristallisée, c’est le quartz ; agglutinée en masses compactes, c’est le silex ;