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LE MARQUIS DE LA ROUERIE
ET
LA CONJURATION BRETONNE

DEUXIÈME PARTIE[1]


III. — LE CHATEAU DE LA ROUERIE.

Maintenant qu’il se sentait soutenu par Coblentz, Armand de la Rouerie était assuré du succès. De caractère trop mobile, d’ailleurs, pour tomber dans de longs découragemens, il était d’autant plus porté à l’optimisme qu’il menait enfin l’existence la plus conforme à ses aptitudes. Il commandait en maître à toute la Bretagne : ce n’était plus, comme jadis en Amérique, une légion de déserteurs et d’aventuriers qu’il avait sous ses ordres, mais une armée considérable, composée des paysans de sa chère province et un état-major comptant les plus beaux noms de l’armoriai breton. De son château de la Rouerie, transformé en quartier général, il faisait mouvoir cette vaste machine, veillant a tout, se multipliant, portant lui-même les instructions, visitant ses comités. On le rencontrait par les bas chemins, chevauchant en compagnie de Thérèse de Moëlien, qui s’était instituée son officier d’ordonnance et qui courait les campagnes en habit d’amazone, portant, à

  1. Voyez la Revue du 15 avril.