de ses confidens ayant demandé audience au ministre de l’Intérieur, Richelieu en profite pour développer son opinion :
« Si c’est un rapprochement qu’on demande et que ce soit d’une manière praticable, pour Dieu, ne nous y refusons pas. Tout ce que je vois de gens sensés gémit de cette opposition d’une classe aussi importante de la nation, qui par tant de motifs devrait être l’appui du trône. Cette seule circonstance fait douter aux hommes éclairés avec qui je me suis entretenu ici de la stabilité de notre existence et, je l’avoue, m’en fait douter moi-même. Je connais assurément tout leur tort et toute leur folie. J’ai souvent admiré votre patience et votre longanimité. Donnez-en une nouvelle preuve ainsi que d’une générosité dont, j’en conviens, peu d’hommes sont capables, en vous prêtant aux mesures qu’on pourrait prendre pour se rapprocher. Je sais que la chose est extrêmement difficile, peut-être même impossible, mais elle est si grave, le danger d’un côté est si imminent en marchant comme nous l’avons fait jusqu’à présent, et il serait si heureux, si rassurant d’être unis entre ceux qui doivent maintenir ce qui est, que l’on doit tout essayer pour y parvenir. Je sais que vous pensez comme moi là-dessus ; mais, vous seriez plus qu’un homme si les outrages dont ces fous vous accablent n’influaient pas sur votre manière d’agir envers eux. Je vous parle, vous le voyez, avec une franchise qu’autorise notre amitié, et c’est parce que je vous connais que je vous parle ainsi. »
Richelieu parlait avec l’élan et la candeur d’un cœur généreux. Mais Decazes voyait les choses plus froidement. Sa mémoire lui rappelait tant de circonstances où ses avances à Monsieur, encouragées cependant par le Duc d’Angoulême, avaient été repoussées, qu’il ne gardait plus d’illusions quant à la possibilité d’un rapprochement. Cependant, il n’en écartait pas l’idée. Il le disait à Richelieu : « Je reçois avec bien du plaisir votre idée sur la réconciliation et je m’y ferai de toutes manières, soyez-en sûr. » Et ce n’était point là une vaine promesse. Sans rien sacrifier des visées qui lui étaient communes avec la majorité des membres du cabinet, il s’efforçait de plaire à Monsieur, et, sur l’assurance que lui donnait le Duc d’Angoulême qu’on était sensible à ses efforts, il se croyait au moment de réussir, en contradiction, sur ce point, avec le Roi qui, sans le décourager, ne ressentait pas la même confiance. Une lettre de Louis XVIII à son favori nous révèle, à cet égard, son véritable sentiment :