et du tabac. On ne plante pas moins de 600 000 caféiers par an dans le domaine de l’Etat Indépendant, et tout fait espérer que, dans 25 ans, la production s’élèvera à plus de 26 millions de kilogrammes.
Nous allons maintenant quitter le domaine géographique et économique pour faire la genèse du Congo Français et de l’Etat Indépendant. Le premier est l’enfant légitime d’une ancienne colonie française, le Gabon ; le second a une naissance, — je n’irai pas jusqu’à dire illégitime, — mais beaucoup moins régulière. Le Congo Français est l’œuvre de Brazza, œuvre contrecarrée trop souvent par cet esprit étroit et dilatoire qui est, par excellence, celui de notre Administration. L’Etat Indépendant est l’œuvre de Stanley, œuvre qui a eu la bonne fortune d’être comprise, soutenue et dirigée par un souverain, grand par son patriotisme éclairé, mais plus grand encore par sa remarquable intelligence des questions économiques : le roi des Belges, Léopold II.
L’histoire du Congo Français et de l’Etat Indépendant est liée intimement à celle de l’installation en Afrique d’une Puissance d’un genre très particulier : l’Association Internationale Africaine, l’A. I.A., comme on la désigne dans un langage abrégé. Il se produisit en Europe, vers 1874, un grand mouvement africaniste auquel on peut assigner pour cause principale la crise économique amenée par la surproduction industrielle, crise augmentée dans beaucoup de pays par les barrières du système protecteur ; les nations en détresse économique se tournèrent vers l’Afrique comme vers le continent d’où devait leur venir le salut. À cette cause, il faut en ajouter une autre d’importance secondaire, bien qu’elle ait été souvent la seule mise en avant, parce qu’elle était plus humanitaire et plus généreuse : les philanthropes voulurent réprimer définitivement la sinistre institution de l’esclavage et, suivant une belle formule, ouvrir l’Afrique à la civilisation. Le roi des Belges jugea alors le moment favorable pour exécuter le vaste plan politique et commercial qu’il avait conçu bien avant son avènement et qu’il avait appelé dans une brochure retentissante parue en 1861 : le Complément de l’œuvre de 1830. Il voulut assurer à la Belgique un domaine d’outre-mer aussi indispensable à son commerce qu’à son industrie ; se mettant