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exacts, par lesquels les heures diffèrent dans deux contrées éloignées ; il n’y a plus de compte de minutes à faire.

On aperçoit immédiatement l’avantage d’un tel système et sa commodité pour les usages internationaux des chemins de fer et des télégraphes, et pour les besoins du commerce. Aussi est-il universellement adopté. La France est l’un des derniers pays qui aient résisté à son introduction : on devrait dire le dernier pays, car sa résistance seule a obligé l’Espagne et le Portugal à en différer l’adoption. — Le projet de loi présenté par l’honorable M. Boudenoot et accueilli par la Chambre est destiné à mettre fin à cette situation. Il ne s’agit pas, comme on le voit, d’une réforme aventureuse ou seulement de quelque initiative hardie, comme celles dont la France a pu donner l’exemple à d’autres momens de son histoire. Ici, la sécurité est parfaite ; nous marchons à la remorque du reste du monde ; ce que nous ne ferons pas de bonne grâce se fera malgré nous. Le système des fuseaux horaires est un fait accompli, il existe et fonctionne.

Cette considération suffit à mettre fin à une opposition vaine ; elle entraînera évidemment l’acquiescement du Sénat. Elle ne nous dispense pas d’examiner cependant les motifs de l’opposition qui s’est manifestée dans certains milieux contre cette dernière réforme de l’heure.

Il peut être intéressant de montrer le sens, la portée, la nécessité de ce nouveau système de notation chronométrique. Le meilleur moyen est, pour cela, de rattacher ce dernier changement à ceux qui l’ont précédé, c’est-à-dire de rappeler très brièvement l’histoire des réformes successives qui se sont produites dans la manière de mesurer le temps.


I. — L’HEURE SOLAIRE : TEMPORAIRE, ÉQUINOXIALE.

L’activité journalière des hommes et le fonctionnement de la société tout entière se règlent nécessairement sur le temps et ses divisions. La notion de l’heure, toujours présente, coordonne les activités partielles, rend possible le concert des efforts et préside à la distribution des travaux. Tous nos actes, comme notre vie même, sont, selon l’expression mathématique, une fonction du temps. Les progrès de la civilisation ont continuellement tendu à préciser davantage cet élément, et à rendre plus facile son emploi. Le pâtre de Chaldée était réduit à suivre sur la voûte céleste