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le cours des étoiles ; l’homme moderne transporte avec lui, partout et toujours, l’instrument mesureur des durées, et son œil consulte sans cesse la course sur le cadran divisé des aiguilles agiles et infatigables. Il est permis de dire que les inventions du cadran solaire, de la clepsydre, de l’horloge et de la montre marquent des étapes principales dans le développement de la vie sociale. Les anciens, pas même les astronomes, ne distinguaient les petites divisions de la durée ; dans aucune observation de Ptolémée le temps n’est indiqué avec plus de précision que le quart d’heure. On compte aujourd’hui universellement par minutes et, dans quelques professions, par secondes.

L’unité de temps a été d’abord le jour entier, le nyctémère des Grecs, c’est-à-dire cette réunion du jour et de la nuit pour laquelle nous n’avons pas d’équivalent dans notre langue, car nous désignons indifféremment par le mot de jour le temps pendant lequel le soleil nous éclaire et qui s’écoule entre son lever et son coucher et le temps très différent qui sépare deux levers ou deux couchers successifs du même astre. Or, les jours sont inégaux aux nuits. La plus simple observation a appris à l’homme des temps primitifs, chasseur ou pasteur de troupeaux, qui voyait le soleil se lever et se coucher à l’horizon pour ramener alternativement la lumière et l’ombre, que la période de clarté était d’autant plus longue que l’obscurité était plus courte. Mais la constatation que leurs durées étaient exactement complémentaires, que l’ensemble du jour et de la nuit formait un total toujours égal à lui-même, cette observation, en un mot, de l’invariabilité du nyctémère fut sans doute l’une des premières et des plus importantes découvertes astronomiques. Cette constance de la période au bout de laquelle reparaît le soleil, vérifiée aussi poulies autres étoiles du ciel, fit connaître que la voûte céleste tournait autour de son axe d’un mouvement général et uniforme.

Il était donc possible de compter par jours ; le nyctémère put servir d’une sorte de mesure ou de « mètre du temps. » Mais il fallut bientôt y établir des subdivisions ; ce furent les heures.

Les heures n’ont pas toujours eu la même signification qu’elles ont aujourd’hui. Elles n’ont apparu, comme divisions du jour, que trois siècles avant Jésus-Christ, — au moins dans la vie ordinaire, — chez les Grecs et chez les Romains. Sans doute, le nom était plus ancien. Mais il indiquait de vagues divisions du temps, par exemple les saisons de l’année. Elles étaient alors