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commode et on l’emploie couramment dans la vie ordinaire. Les administrations télégraphiques s’en louent beaucoup. Il leur épargne, sans parler des confusions et des erreurs, les indications de service qui grèvent les transmissions et les vendent onéreuses. La seule compagnie Western Union Telegraph déclare avoir économisé annuellement, de ce chef, la manipulation de 150 millions de lettres.

Les choses se passent partout de la même façon. La réforme commence par les télégraphes ; elle s’étend aux chemins de fer et de là s’installe dans les habitudes de la vie ordinaire. C’est ce qui est arrivé en Italie. Inauguré en 1859 par les Télégraphes, le système des vingt-quatre heures fut mis en vigueur sur les voies ferrées le 1er novembre 1893 ; un grand nombre de municipalités l’adoptèrent presque aussitôt pour les usages de la vie civile.

Les Français qui voyagent à l’étranger ont certainement remarqué les cadrans à double graduation que présentent les horloges des gares et souvent même toutes les horloges publiques, sans parler des montres exposées aux devantures des horlogers. Et, cela, aussi bien au nord qu’au sud de nos frontières. La Belgique, en effet, a adopté officiellement la notation des 24 heures, pour le service des chemins de fer, depuis le 1er mai 1897. Mais déjà antérieurement bien des services et des administrations l’avaient mise à l’essai, et par exemple, les ateliers du Grand Central Belge à Louvain depuis 1892, l’école de Carlsbourg depuis 1895. Le public a mis une espèce d’empressement à l’accueillir et à l’adopter. C’est une manière de faire preuve d’un esprit novateur, ou peut-être simplement un snobisme. Les affiches des cours dans quelques universités sont rédigées d’après ce système. On s’invite à dîner à dix-neuf heures. Il y a à Bruxelles, comble d’illogisme grammatical ! des « five o’clock » à dix-sept heures !

L’application du système n’oblige à remanier aucun organe essentiel des pendules, des montres ou des horloges. Il suffit d’ajouter au cadran, en dedans de l’anneau où les heures sont inscrites en chiffres romains, de I à XII, une seconde couronne concentrique portant en chiffres arabes les nombres de 13 à 24, 13 étant inscrit au-dessous de I, 14 au-dessous de II, et ainsi de suite, jusqu’à 24 inscrit au-dessous de XII. Pour les montres, on en rend l’usage encore plus commode en matérialisant en quelque sorte la distinction du jour et de la nuit ; on ombre les heures nocturnes de six heures du soir à six heures du matin,