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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 148.djvu/198

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Si l’on consulte, en effet, les horaires officiels des chemins de fer et des bateaux pour l’Europe seulement, on trouve qu’ils emploient six manières différentes d’indiquer les heures de nuit. Il y a neuf notations pour désigner l’avant-midi, et autant pour l’après-midi. Grâce à quoi, le voyageur qui se propose d’accomplir un long voyage à travers le monde est à peu près hors d’état d’en tracer d’avance un itinéraire complet. Il est en tous cas exposé à commettre des erreurs auxquelles n’échappent même pas les employés spéciaux des agences de renseignemens. La numération continue des heures de 0 à 24 supprimerait la cause principale de ces confusions.

Le système de numération continue des heures est souvent appelé, et bien improprement, « système canadien », twenty four hours system. Il ne fait que ressusciter en réalité une notation qui a été anciennement en usage dans l’Europe continentale, et qui est restée celle des astronomes, en tous les temps. Cette manière de compter les heures, tout d’une traite, d’un minuit à l’autre, s’étend et se généralise chaque jour. On peut prévoir qu’avant longtemps elle aura remplacé la notation actuelle par douze heures.

L’Italie a été la première à adopter le système des vingt-quatre heures, — ou plutôt à le reprendre ; elle n’a fait en cela que revenir à une habitude qu’elle avait à peine quittée ; avec cette différence toutefois qu’au lieu de compter, comme jadis, les vingt-quatre heures à partir de six heures du matin, elle les compte à partir de minuit. La réforme commença dans le service télégraphique de Sardaigne en 1859. Il s’agissait de mettre fin à des erreurs fréquentes dans l’indication des heures de dépôt et d’arrivée des dépêches et d’en faciliter le contrôle tout en épargnant les signes de transmission. Quelques années plus tard, en 1867, les Indes anglaises suivaient le même exemple. La notation continue des heures était adoptée par les administrations de chemins de fer, mais seulement pour le service intérieur et l’usage du personnel. Le fonctionnement en parut si simple et si avantageux que le public lui-même en réclama le bénéfice pour les affiches et les horaires mis à sa disposition ; et, de là, naturellement elle s’est étendue à beaucoup d’usages de la vie civile, sans se substituer cependant à la notation ordinaire. Il en a été de même en Amérique. Le système fonctionne sur les chemins de fer du Canada depuis 1887 à la satisfaction générale. On le trouve