Cet acte, contre lequel les facultés destructrices de M. Lemaitre se sont particulièrement exercées, je ne me contenterai pas de le raconter, — on pourrait croire que je l’accommode aux nécessités de ma défense, — je le donnerai tel qu’il est. Je me distinguerai par-là de M. Lemaître qui, me faisant l’honneur de citer mes vers, aurait pu me faire la grâce de les citer exactement.
Voici comment M. Faguet expose la situation :
« Frédégonde vient d’arracher à Lother, son amant, la promesse de tuer Mérovée dont la rébellion, secrètement encouragée par le Roi lui-même, la fait trembler pour son trône et pour ses enfans. Mais une jeune suivante, Néra, réfugiée dans la chambre de la Reine, a tout entendu.
« Frédégonde ferait bien disparaître Néra, et déjà elle s’y apprête, quand le Roi, attiré par le bruit, survient et l’en empêche ; mais, pour plus de sûreté, il renvoie séance tenante Néra, sous bonne escorte, à l’évêque Prétextat, son oncle.
« Frédégonde voit le danger.
« Chez Prétextat ! elle va tout dire à Prétextat ; Prétextat va tout dire, par un rapide messager, à Mérovée qu’il adore.
« Le complot est éventé. Rapidement, ces pensées traversent l’esprit de Frédégonde, que faire ? Elle réfléchit. En quelques instans, elle a trouvé : « Chez Prétextat ! Je cours chez Prétextat. »
« La voici donc dans la cathédrale, au moment où Lother vient d’apprendre de Prétextat en quel lieu il pourra rejoindre Mérovée. »
(Frédégonde, voilée, très humble.)
… Vous avez la divine science.
Alors, vous me jurez d’écouter jusqu’au bout ?
Pauvre âme, que crains-tu ? Dieu ne sait-il pas tout ?
Va, parle ! Accuse-toi : c’est le devoir du prêtre
D’entendre tout, afin de pouvoir tout remettre.
Mais ce prêtre, cet homme, à qui rien n’est caché,
Fait de chair comme nous, et sujet au péché,
Qui me répond de lui ?…
Laisse-moi donc t’instruire !
Le prêtre est un pécheur que le mal peut séduire :
On en voit, dans le gouffre entr’ouvert sous leurs pas,
Glisser de pente en pente et rouler jusqu’en bas ;