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qu’elle ne fut reprise et soumise à l’Assemblée Nationale que dix-neuf ans plus tard. Elle fut repoussée, et son auteur reçut du ministre de l’Intérieur une semonce publique. On se contenta de décider la transmission journalière dans les principales villes de France, des cours du 3 pour 100, du 5 pour 100 et des actions de la Banque de France.

Cependant, à la faveur des travaux d’Œrstedt, d’Arago, de Wheatstone et de Davy, la télégraphie électrique avait pris naissance et, en 1844, sous l’influence d’Arago, une commission, dont faisaient partie Pouillet et Becquerel, fut nommée, par le ministre de l’Intérieur, pour en étudier l’application. L’organisation de ses services et la création d’un réseau complet, reliant Paris à tous les chefs-lieux, datent de 1852.

Il était intéressant de rappeler ces souvenirs, déjà lointains, pour marquer les débuts d’un des grands services de l’Etat qui depuis, aussi bien dans notre pays que chez les autres nations, a pris une importance sans cesse croissante. Il est bon aussi, dans une étude sur les transmissions rapides de la pensée écrite ou parlée, de montrer qu’à l’origine des travaux qui ont révolutionné le monde entier, c’est un Français qui marche à l’avant-garde. Si Claude Chappe n’est pas le fondateur de la télégraphie électrique, il est le promoteur de la télégraphie sans épithète. Il fut un précurseur, et c’est un devoir de ne pas oublier cette famille, qui mérita bien de la science et de la patrie. Pendant quarante années, les frères Chappe furent à la tête de l’administration des télégraphes, dont Claude, l’aîné, avait prévu l’influence future, lorsqu’il écrivait « qu’il est de la gloire de la grande nation de ne laisser rien à faire pour le perfectionnement d’une découverte dont elle se glorifie. » Si, plus tard, les travaux de perfectionnement de la télégraphie électrique ont trouvé de précieux auxiliaires dans des inventeurs de diverses nations, Morse, Wheatstone, Hughes, etc., c’est encore à un Français, M. Baudot, qu’on doit l’appareil avec lequel la capacité de transmission d’un fil de ligne est portée à son maximum.

Depuis 1852, nous avons fait du chemin. Rien qu’en France, le nombre de lignes, qui représentait à cette époque 2 133 kilomètres, correspondait en 1894 au chiffre de 93 829. Ces lignes représentent actuellement une longueur de 317 724 kilomètres. Elles ont transmis l’année dernière 42 718 337 dépêches intérieures et 2 563 436 télégrammes internationaux, soit un total de plus de