fil. On voit, par conséquent, que, si la téléphonie est, commercialement parlant, une bonne affaire pour l’Etat, elle exige une mise de fonds importante, puisque le conducteur seul, — sans compter son installation, les poteaux qui le supportent, les appareils, le transport de tout le matériel et les frais généraux, — coûte déjà près d’un demi-million pour une distance de 1 000 kilomètres à franchir.
Quoi de plus léger, en apparence, que ces fils ténus, courant le long des voies ferrées, et dans la masse desquels, comme en autant de canaux, se transportent les ondes électriques ! L’œil les distingue à peine à quelque distance, et l’on a du mal à se figurer, si on ne se livre pas à un calcul précis, que leur poids soit, en définitive, celui qu’on annonce. Le seul fil de la ligne Paris-Marseille correspond au chargement de 30 wagons de marchandises. Il n’est donc pas surprenant qu’avec les progrès gigantesques des applications de l’électricité, l’industrie ait vu se créer, depuis vingt ans, des usines considérables pour le laminage et le tréfilage du cuivre. Ces usines sont des plus prospères, leur production ne cesse de s’accroître et s’accroîtra certainement encore pendant de longues années.
La chose est d’autant plus digne de remarque, que le cuivre a ce grand avantage sur le fer, qu’il ne s’use, pour ainsi dire, pas. Le fer se rouille, malgré la galvanisation dont on le protège ; la moindre piqûre, dans le vernis de zinc dont on le revêt, laisse à l’humidité un passage qui s’accroît rapidement, s’attaque à la surface vive du métal, la corrode, la ronge et la fait bientôt tomber en poussière. La conservation du cuivre, presque indéfinie, est assurée partout où il n’a pas à souffrir de fumées sulfureuses. Ces fumées résultent souvent de la combustion de houilles contenant des pyrites. C’est un cas exceptionnel, auquel on est exposé principalement dans les lieux mal aérés où les fumées ne sont pas rapidement balayées, tels que les tunnels. Mais les lignes de cuivre résistent longtemps, presque indéfiniment. En refondant les fils et en affinant le cuivre qui en résulte, on est presque assuré de n’avoir à subir aucun déchet de matière. Le cuivre est donc un auxiliaire très précieux pour les canalisations électriques.
Si le conducteur de cuivre a rendu la téléphonie interurbaine possible, on peut également dire que, sans lui, la télégraphie sous-marine n’aurait pas existé. Ici, la question de la canalisation prend