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pureté la plus grande, qu’entoure une gaine isolante. Cette gaine doit présenter le double avantage de ne pas être perméable à l’électricité et d’être inattaquable par les élémens qui peuvent l’atteindre, tels que l’eau de mer. La gutta-percha est à peu près le seul corps qui remplisse, à un haut degré, les conditions requises, et c’est, pour les fabricans de câbles sous-marins, une préoccupation qui, en ces derniers temps, est arrivée à l’état aigu, de savoir que les principales sources de production de la gutta-percha seront bientôt taries.

La gutta-percha a un ennemi des plus redoutables. C’est un petit animal marin, le taret, qui s’en nourrit, et qui finirait par mettre le conducteur de cuivre en contact avec l’eau de mer et par y pratiquer, en quelque sorte, une fuite, sans la protection extérieure dont il va être question. L’âme et son isolant sont garnis d’une couche de chanvre formant un épais matelas, sur lequel on enroule, en spirale, une série de fils d’acier, à grande résistance mécanique, serrés les uns contre les autres. Le tout est entouré de toile goudronnée. On forme ainsi un ensemble continu, souple et résistant à la fois, dont l’âme est calculée d’après la distance à franchir, et l’armature d’après les conditions de la pose et la nature des fonds sur lesquels elle doit se développer dans son parcours au sein des océans.

Aux abords des côtes, là où la profondeur est faible, les câbles sont exposés à de nombreux accidens. Les engins de pêche, la quille des navires ou leurs ancres, les menacent sans cesse. Dans les mers froides où, au printemps, descendent, vers le sud, d’énormes masses de glace, il n’est pas rare que ces icebergs, dont la base descend dans les couches inférieures de l’eau, heurtent les câbles sous-marins. Le fait se produit souvent au voisinage du banc de Terre-Neuve.

Pour ces raisons, l’armature doit être très puissante, formée de gros fils d’acier présentant le maximum de résistance, tandis que, dans les grands fonds, où les causes d’usure sont plus rares, elle peut être calculée d’une façon moins rigoureuse.

C’est même une nécessité, dans les profondeurs considérables, d’avoir des câbles réunissant, à la fois, les qualités de résistance indispensables et le maximum de légèreté, car, le câble devant supporter son propre poids, un excès de lourdeur l’exposerait à se briser lui-même.

La fabrication et la pose des câbles sous-marins sont des