de ne pas se prêter à pareille mesure de rigueur, qu’il jugeait d’ailleurs superflue en ce moment, se rendant compte, disait-il, « du danger imminent de collision qui existe sur les limites de la Macédoine, » il invita les puissances à « demander, à la Grèce et à la Turquie respectivement, de retirer leurs forces jusqu’à une distance de 50 milles de chaque côté de la frontière. Si la Grèce refusait d’obtempérer à cet avis, l’Angleterre, ajoutait-il, serait disposée à donner son assentiment au blocus de Volo. Dans le cas d’un refus de la part de la Turquie, l’Angleterre serait prête à s’associer aux mesures de coercition que les puissances croiraient devoir adopter. » Sur ce dernier point toutefois, comme si aucune ouverture, en cette affaire, ne pouvait se produire sans être accompagnée d’une réserve plus ou moins déclinatoire, « le gouvernement de la Reine pensait que la mission de triompher de la résistance de la Turquie appartiendrait plus naturellement à l’Autriche et à la Russie. »
Cette démarche du cabinet de Londres n’eut aucune suite ; les événemens, en se précipitant pendant que les puissances délibéraient longuement, ne leur laissèrent pas le temps de s’en rendre compte et de s’y associer. Elles s’attardèrent à recommander aux ambassadeurs à Constantinople de s’employer activement à rechercher et à établir les bases de l’organisation autonomique de la Crète, continuant à échanger des communications quotidiennes sur le point de savoir s’il était nécessaire et s’il pouvait être utile de bloquer les ports de la Grèce. Différens avis furent émis ; aucun ne prévalut. On ne désespérait pas cependant d’arriver à un accord, quand, soudain, les hostilités éclatèrent sur la frontière de la Thessalie entre les deux armées qui s’y trouvaient en présence.
Dès ce moment, toutes les questions que les puissances agitaient avec une si louable ardeur perdaient tout caractère d’actualité, et il devenait superflu d’en poursuivre l’examen. Les cabinets durent donner un autre cours à leurs efforts et à leur sollicitude. Ils s’expliquèrent, et ils résolurent d’attendre et de saisir le premier moment qui paraîtrait opportun pour offrir ou imposer, aux belligérans, leur médiation collective. Dans une dépêche adressée à M. Cambon, le 21 avril. M. Hanotaux définissait exactement cette situation nouvelle : « Sauvegarder jusqu’au bout, lui écrivait-il, l’entente générale à travers les dangers qui la menacent et les épreuves qu’elle subit, cela nous paraît être le seul moyen d’assurer,