de cinq pouces ; les chasseurs aux dolmans verts garnis de tresses aurore, aux pelisses écarlates bordées de fourrure, aux kolbachs à flamme rouge et à grand plumet vert et rouge. Sur les épaulettes, les tresses, les torsades, les brandebourgs des officiers, c’est un ruissellement d’or.
Par la route de Bruxelles débouchent d’autres troupes. Il arrive des hommes et des chevaux et des canons aussi loin que porte la vue : les nombreux bataillons de Lobau ; la cavalerie légère de Domon et de Subervie, — encore des lanciers verts et des hussards diaprés ; — l’artillerie à pied dans son sévère uniforme bleu relevé de rouge ; l’artillerie à cheval, le plastron couvert de brandebourgs écarlates ; la jeune garde, tirailleurs à épaulettes rouges, voltigeurs à épaulettes jaunes ; les canonniers à pied de la garde, coiffés du bonnet d’oursin et marchant près de ces redoutables pièces de 12 que l’Empereur nomme « ses plus belles filles, » Tout à fait en arrière, s’avancent les colonnes sombres de la vieille garde. Chasseurs et grenadiers ont la tenue de campagne : pantalon bleu, longue capote bleue à un rang de boutons, bonnet à poil sans le plumet ni la fourragère. Leur uniforme de parade pour l’entrée triomphale à Bruxelles est dans le havresac, ce qui leur fait, avec l’équipement, les armes et les quarante cartouches réglementaires, une charge de soixante-cinq livres. On ne distingue les grenadiers des chasseurs que par leur taille plus élevée, la plaque de cuivre de leur oursin et leurs épaulettes qui sont toutes rouges, tandis que celles de leurs camarades ont le corps vert et les franges rouges. Les uns et les autres portent la queue et la poudre et ont aux oreilles des anneaux d’or massif du diamètre d’un petit écu.
Les tambours battent, les trompettes sonnent, les musiques jouent : Veillons au salut de l’Empire. En passant devant Napoléon, les porte-aigle inclinent les drapeaux, — les drapeaux du Champ de Mai, les drapeaux neufs, mais déjà baptisés à Ligny par le feu et par le sang, — les cavaliers brandissent leurs sabres, les fantassins agitent leurs shakos au bout des baïonnettes. Et les acclamations de l’armée dominent et étouffent les tambours et les cuivres. Les : Vive l’Empereur ! se suivent avec une telle véhémence et une telle rapidité qu’ils empêchent d’entendre les commandemens. « Jamais, dit un officier du 1er corps, on ne cria : Vive l’Empereur ! avec plus d’enthousiasme ; c’était comme un délire. Et ce qui rendait cette scène plus solennelle et plus émouvante,