conclusion logique de cette situation eût été une réduction des impôts, et surtout des droits de douane, principale source des revenus fédéraux. Mais cela n’eût point fait l’affaire des protectionnistes, qui, afin de supprimer les excédens, poussèrent le Congrès dans la voie des dépenses inutiles. Les pensions militaires, qui figuraient au budget de 1878 pour 27 millions, absorbèrent 61 millions en 1882. Le Congrès élu en cette année vota pour l’exercice suivant 100 millions à ce chapitre.
L’opinion publique s’émut de ce gaspillage et donna, lors des élections nouvelles, une grande majorité aux démocrates, partisans d’une réduction du revenu et des impôts. Une commission du Congrès prépara une modification du tarif douanier, qui fut votée en mars 1883 et amena une diminution de recettes de 50 millions de dollars en 1883-84. En même temps furent supprimées les taxes sur les dépôts des banques et les chèques ; l’impôt sur les cigares fut réduit de moitié. La crise de 1884 contribua encore à discréditer le parti républicain, et ce fut vin président démocrate, Grover Cleveland, qui prit le pouvoir en 1885.
L’état de la Trésorerie était alors médiocre : elle perdait plusieurs millions de dollars en or par mois et voyait, en revanche, s’accroître dans ses caves le stock des dollars d’argent, dont le public ne voulait pas. Pour essayer d’y remédier, elle créa en 1886 de petites coupures de certificats d’argent, de 1, 2 et 5 dollars, qui trouvèrent meilleur accueil que le métal lui-même. Les revenus publics recommençaient à s’élever à des chiffres énormes : les excédens de recettes furent de 63 millions en 1885, s’augmentèrent encore durant les deux années suivantes, et permirent au Trésor de racheter 50 millions d’obligations fédérales en 1886, 125 en 1887, et 130 en 1888. Après avoir retiré ses rentes 3 pour 100, qu’il était libre de rembourser à toute époque, le gouvernement se mit à racheter sur le marché celles de ses obligations qui n’étaient pas encore arrivées à échéance : ses demandes firent monter le 4 pour 100 au delà de 129. Les affaires