qu’un épouvantail et qui, dans ces deux rudes heures, longues comme des jours, avaient pris l’assurance de leur invincibilité. C’étaient au contraire les cavaliers qui étaient démoralisés par l’insuccès de leurs attaques, la vanité de leurs efforts. Ils chargèrent avec la même intrépidité, non plus avec la même confiance. Ils traversèrent encore la ligne des batteries : mais, après avoir poussé vainement leurs chevaux harassés sur les carrés, ou à mieux dire sur les remparts de soldats tués et de bêtes abattues qui en protégeaient chaque face, ils se replièrent d’eux-mêmes, découragés, désespérés, dans le fond du vallon, suivis à distance plutôt que précisément refoulés par la cavalerie anglaise, elle-même à bout de forces.
Ces grandes charges auraient pu réussir, mais à la condition d’être, dans l’instant même, soutenues par de l’infanterie. Tandis que les batteries ennemies, dépassées par les cuirassiers, restaient muettes, les fantassins auraient gravi les pentes sans risques ni pertes, pris position au bord du plateau et abordé les carrée. Les Anglais auraient été contraints ou de soutenir dans une formation vicieuse le feu et les assauts de l’infanterie, ou de se déployer, ce qui les eût mis à la merci des cavaliers. La division Bachelu et la brigade Jannin (division Foy) étaient depuis plusieurs heures à 1 300 mètres de la position alliée, assistant l’arme au bras à ces charges furieuses. Immobiles sous les boulets qui les décimaient, elles n’attendaient qu’un ordre pour courir au pas de charge seconder la cavalerie. On les oublia. Ce fut seulement après le repoussement de la quatrième charge que Ney « qui, toujours le premier dans le feu, oubliait les troupes qu’il n’avait pas sous les yeux » s’avisa d’utiliser ces six mille baïonnettes. Les six régimens marchèrent par échelons en colonnes de divisions à demi-distance. Il était trop tard. Les batteries les foudroyèrent, et l’infanterie anglo-alliée, qui avait étendu eu arc de cercle son front vers Hougoumont, les cribla de feux convergens. « C’était une grêle de morts, » dit Foy. En quelques instans, quinze cents hommes furent tués, blessés, dispersés. On approcha tout de même l’ennemi à portée de pistolet ; mais les brigades fraîches de Duplat et de William Halkett ayant dessine un mouvement offensif (Duplat fut tué il ce moment), les colonnes, tronçonnées