qui ne soit pas excessive, car alors on à la ressource de faire voyager les œufs fécondés, et il suffit d’avoir des appareils à éclosion prêts. On se doutait de cette conclusion en 1879 ; on 1898, les progrès ont été tels que nous avons pu voir, en janvier, arriver à Paris, venant des États-Unis, des milliers d’œufs fécondés de salmonidés divers, en parfait état, et qui ont été aussitôt distribués par la Société d’Acclimatation. En réalité, les œufs fécondés peuvent se conserver, au froid, pendant dix et quinze jours, et peut-être plus, sans perdre l’aptitude à se développer : et c’est là un fait de grande importance pratique.
En 1880, les opérations ne se ralentirent point, tant s’en faut. Les commencemens étaient si encourageans que l’on songea à marcher encore de l’avant, et que le gouvernement fédéral créa une nouvelle station de pisciculture, celle de Wood’s Holl, au voisinage de Boston. La commission des Pêcheries, très satisfaite déjà de l’œuvre exécutée à Gloucester, voulut que Wood’s Holl conquît aussi son droit de cité, et le regretté Marshall Mac Donald, alors chef de cette commission, avec qui j’eus le plaisir de m’entretenir de ses expériences, il y a quatre ans, à Chicago, y vint en personne pour essayer un appareil à circulation de son invention.
La station de Wood’s Holl ne fut toutefois réellement équipée qu’en 1883 et 1884. Et quand on la crut bien organisée, en 1885, on s’aperçut qu’elle ne l’était point. Manipuler — et avec quelles tendresses — 15 millions d’œufs pour obtenir 2 millions d’alevins, en vérité, c’était une médiocre opération. La faute en fut bien vite apparente : les appareils à incubation étaient les coupables. On les avait construits sur des données fausses : et, pensant que les œufs de la morue flottent de façon permanente, on n’avait point envisagé l’éventualité opposée : on n’avait pas prévu qu’au bout de cinq ou six jours ces œufs coulent vers le fond[1]. Force fut donc de renoncer aux appareils Mac Donald, et dès 1886-87, les boîtes à circulation Chester furent mises en usage. Les résultats furent plus satisfaisans. Le Grampus, un des vapeurs de la commission
- ↑ Les expériences et observations auxquelles ont donné lieu les opérations de pisciculture, aux États-Unis, en Scandinavie, en Angleterre. ont fait connaître beaucoup de faits dont on n’avait aucune connaissance. à l’égard des œufs des poissons et de leur développement. Ces faits sont résumés principalement dans les ouvrages de MM. Mc’ Intosh, Masterman, et Cunningham, sur les poissons comestibles d’Angleterre, et dans les publications de la station aquicole de Boulogne, où M. Eugène Canu a fait d’excellente besogne.