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les espèces diverses, autres que la morue, sur lesquelles des tentatives de multiplication artificielle ont été faites.

En une dizaine d’années, de 1878 à 1890, les deux stations de Gloucester et de Wood’s Holl ont déversé quelque deux cent cinquante millions d’alevins dans les eaux du Maine et du Massachusetts. C’est peu de chose, assurément : mais encore cet effort n’a-t-il pas été infructueux, et, comme je l’ai dit plus haut, les pêcheurs ont reconnu l’existence des « . morues de la Commission. »

A Flödevig, en douze ans, — dix en réalité, puisqu’il y eut deux années où le laboratoire ne fonctionna pas, — de 1884 à 1896, il a été fabriqué un milliard et demi d’alevins au bas mot. Répartis dans les fiords des environs, ils ont en partie repeuplé les fonds qui étaient grandement appauvris. Les pêcheurs ont constaté que le poisson est plus abondant, et, comme le disait M. Dannevig au Congrès des pêches maritimes récemment tenu aux Sables-d’Olonne[1], « le résultat pratique de l’œuvre est que la morue augmente rapidement sur la côte méridionale, particulièrement là où les alevins ont été semés. » Le prix de revient moyen est de 6 centimes et demi le mille d’alevins de 1890 à 1895 ; en 1896, il s’abaisse à trois centimes et un tiers le mille.

A Dildo, il a été fabriqué en cinq ans, — de 1890 à 1894, — plus de 600 millions d’alevins, et là encore, les pêcheurs ont accusé la présence de jeunes morues très abondantes dans des eaux où elles étaient devenues rares. De façon générale, donc, on peut dire que le repeuplement s’opère, et que l’œuvre du laboratoire est utile.

Voici le jugement que portait, il y a peu de temps[2], un homme qui est considéré comme fort expert en matière de pêcheries : « En 1879. la pêche côtière de la morue avait à peu près disparu, et cette industrie en était à ses dernières cartouches. M. Baird commença une expérience sur la reproduction artificielle de la morue à Gloucester, et, un an après, les résultats se faisaient déjà connaître. Au bout de dix-huit mois, les filets du port de Provincetown étaient pleins de petites morues, et deux saisons plus tard celles-ci étaient marchandes. Depuis ce moment, les pêcheurs ont, chaque hiver, fait une bonne saison de pêche. Or, d’après ce que nous connaissons des habitudes de la morue dans la baie du Massachusetts,

  1. Voir le Compte rendu des séances de ce congrès, publié par MM. A. Odin et Marcel Baudouin, à l’Institut international de bibliographie scientifique, p. 183.
  2. Fishing Gazette (New-York), 17 août 1895, p. 517.