nous savons que leur migration se fait du Cap Cod au Cap Ann, et réciproquement. Si nous tenons compte du fait que la petite morue qui s’est montrée à Provincetown dix-huit mois après les expériences de M. Baird, avait exactement les dimensions de la morue de dix-huit mois, nous pourrons sans crainte tirer la conclusion que la pêche d’hiver satisfaisante qui se fait maintenant au Cap est le résultat des efforts de la commission à Gloucester. »
Et à peu près à la même époque, — en 1894, — un autre observateur disait ceci : « ...Cette année, 221 millions d’alevins de morue ont été plantés dans les eaux de Dildo... Les morues se sont montrées avec une abondance dont nul ne retrouvait d’exemple dans sa mémoire. Des quantités énormes de poisson ont été aperçues par les pêcheurs ; ces poissons ont un an, deux ans, trois ans, et correspondent aux expériences faites pendant les trois dernières années. Jamais on n’a autant vu de poissons dans la baie ; jamais les efforts des pêcheurs n’ont été récompensés par d’aussi abondantes pêches. » Et il ajoute que l’expérience de Trinity Baya été si satisfaisante qu’on a voulu la répéter dans les baies Bonavista et Concepcion. Pour la morue donc, on doit se louer des résultats obtenus.
Il en va de même pour un autre hôte des mers, plus rare que la morue, très apprécié, lui aussi, mais que son prix met habituellement hors de la portée des petites bourses : je veux parler du homard. Ce crustacé bien connu constitue un mets de luxe qu’il serait avantageux de rendre plus abordable, et c’est pourquoi, de différens côtés, on en a tenté l’élevage. Remarquez, en passant, que la multiplication du homard rend service à une population maritime plus étendue, puisque c’est une espèce côtière dont la pêche est relativement facile et peu dangereuse, et ne demande pas de capitaux considérables comme la pêche lointaine sur les bancs d’Islande ou de Terre-Neuve.
Les résultats sont encourageans. La technique est simple : on dépouille les femelles des œufs fécondés, et on place ceux-ci dans des incubateurs spéciaux sur la structure desquels je ne puis m’arrêter : les meilleurs sont ceux qu’a imaginés M. Nielsen.
Une femelle de homard fournit de 5 000 à 100 000 œufs : selon son âge et ses dimensions : 10 000 ou 20 000 en moyenne. En 1895, à Dildo, 25 000 homards ont fourni près de 600 millions d’œufs, dont 470 millions ont éclos : une très belle proportion, soit