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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 148.djvu/945

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LES REVUES ÉTRANGÈRES

LA VOCATION DE Mme BEECHER STOWE

Life and Letters of Hafriet Beecher Stowe, par Mme Annie Fields, 1 vol. Boston, 1898.


C’est en 1882 que Mme Beecher Stowe, alors âgée de soixante et onze ans, prit pour la dernière fois la parole en public. Ses éditeurs de Boston, profitant d’un séjour qu’elle faisait dans cette ville, avaient organisé en son honneur une grande soirée. Elle y vint, en compagnie de son frère Henry Ward Beecher, subit avec sa bonne grâce habituelle d’innombrables présentations, écouta des discours, des lectures de poèmes : puis, s’avançant au milieu de la salle, elle dit, de sa petite voix mesurée et tranquille :

« Je tiens à déclarer que je remercie mes amis, du fond du cœur. Et voilà tout. Ou plutôt non, car il y a encore ceci que je dois vous dire. C’est que si quelqu’un de vous éprouve le doute, ou le chagrin, ou la peine, s’il désespère de ce monde, je le prie de se souvenir de ce que Dieu a fait sous nos yeux. Qu’il songe que cette grande tristesse, l’esclavage, a disparu, à jamais disparu ! Tous les jours, dans le Sud où je demeure, je suis témoin de ce-miracle. Je vois autour de moi les humbles cases des nègres ; je vois comment les habitans de ces cases deviennent sans cesse plus riches ; j’y vois des hommes qui sont heureux de leur humble sort. Et certes ils ont besoin que vous preniez