parlait naïvement de leur beauté. Il disait que c’étaient les plus beaux yeux de toute l’Espagne. « Il faisait faire pour une danseuse de l’Opéra, Mlle Aimée, des toilettes semblables aux miennes. Un soir, à l’Opéra, j’e la vis dans une loge à mon côté, avec une robe toute pareille à celle que je portais. Le lendemain, plusieurs jeunes femmes se joignirent à moi, et nous allâmes déclarer à Madame Herbaud qu’elle ne nous habillerait plus, si elle ne s’engageait à ne pas faire pour des actrices des robes comme les nôtres. »
Parmi ces attachans souvenirs, il en est sur la Duchesse de Berry, que l’auteur nous montre petite, épaules hautes, poitrine étroite, taille épaisse, bras maigres, pieds très jolis, petits yeux incertains, regardant de bas en haut et cheveux d’un beau blond en grande abondance. Pétulante et agitée, la princesse aimait follement la danse. « Mais elle dansait en sautant, comme une petite paysanne, et ne valsait pas. » Suit la description d’un costume qu’elle portait souvent quand elle était à Saint-Cloud ou en voyage : pantalon large, serré au bas de la jambe, des bottines montant un peu au-dessus de la cheville, une petite redingote d’homme en drap brun, descendant jusqu’au genou, ceinture de cuir avec boucle. La Duchesse de Berry adorait les romans. On racontait que la Duchesse d’Angoulême, en ayant un jour trouvé chez sa jeune belle-sœur, — il est vrai que c’étaient les Contes de Voltaire et ceux de La Fontaine, — les avait fait enlever en lui adressant de très vifs reproches. « Les livres n’en revinrent pas moins chez la Duchesse de Berry bientôt après. » Elle habitait avec son mari le palais de l’Elysée.
Le Duc de Berry était irascible, emporté, tout de premier mouvement et non moins ultra que son père. Il tenait contre les ministres et contre Decazes les propos les plus malveillans. Pendant l’hiver de 1817, on fit grand bruit dans le monde de sa présence à un bal donné chez une certaine Virginie, avec laquelle il avait rompu au moment de son mariage. Le Roi, très mécontent de son neveu, lui exprima son mécontentement « avec violence ». Les colères du Roi étaient aussi terribles que rares. Parlant quelque part dans ses lettres d’un de ces emportemens, il dit : « On a dû entendre les éclats de ma voix jusque sur la place du Carrousel. » Après avoir lu le rapport dans lequel on annonçait que le bal aurait lieu, il dit : « Ce rapport m’afflige d’autant plus qu’il me fait cruellement sentir la différence des temps. Jadis, un ordre aurait