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partie des collections, et revenir, vers l’Ouest, à Chakridoullah-Khodja.

De là, néanmoins, l’expédition réussit par une autre voie à atteindre Keria, puis Nia, où elle arriva en mars 1890 et où elle rencontra l’expédition Pievtzolî (ancienne expédition Prjévalsky) en train d’hiverner. De Nia, par Sourourgak, où sont des mines d’or qu’exploitent les Chinois, Groumbtehevsky parvint alors à Polou, c’est-à-dire au point qu’il avait vainement cherché à atteindre en janvier. Il en repartit en mai pour se diriger vers l’Est du côté de Lhassa, et c’est alors qu’il dut s’arrêter à Gougourtlik dans les conditions que nous avons indiquées, et se rabattre sur Kachgar.

De Kachgar, il est revenu ici par un nouveau chemin, la passe de Kizil-Art, haute de 14 020 pieds, qui se trouve aux sources du Markhan-Sou, et non par les cols situés aux sources du Kizil-Sou, où est le passage habituel. Les deux rivières se réunissent près de Kachgar. Puis, du Kizil-Art, il a regagné le col de Taldyk et est arrivé à Och par Gouldcha et Langar, route habituelle des caravanes de Kachgarie.

Grounibtchevsky nous donne ces renseignemens tout nouveaux alors et précieux pour nous, et met tous ses documens à notre disposition avec une générosité, un empressement et une cordialité qui contrastent avec la réserve intéressée de bien des voyageurs. Nous lui en sommes profondément reconnaissans[1].

27 octobre. — Le convoi de Grounibtchevsky est arrivé ce matin, non moins pittoresque que son chef, et nous avons passé la journée à déballer partiellement les collections. Ce convoi se compose de quarante chevaux, dont sept portent les cosaques qui ont fait partie de l’expédition depuis son début. Les trente-trois autres portent les récoltes. Il est accompagné de plusieurs

  1. Les indications sommaires que nous venons de donner sur ce voyage de Groumbtchevsky sont celles que nous avons recueillies de sa bouche au moment où, pour la première fois, il reprenait contact avec des Européens. À ce titre, elles sont intéressantes. Elles l’étaient surtout, à l’époque où il nous les a transmises, par le jour nouveau qu’elles jetaient sur des régions jusqu’alors inconnues. Depuis lors, d’autres expéditions y ont pénétré et les ont étudiées plus à fond, notamment celle de MM. Dutreuil de Rhins et Grenard, et celle du voyageur suédois Sven Hedin, notre ami, qui nous rejoignit au commencement de 1891 et fut notre compagnon pendant une partie du voyage dont nous relatons ici un fragment. Les relations documentées de ces expéditions sont en cours de publication en France. Quant au voyage du colonel Pievtzoff, continuateur de Prjévalsky, il a été publié in extenso, par les soins du gouvernement russe et de la Société de Géographie de Russie. 2 vol. in-4o, 1895.