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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 149.djvu/213

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L’ammoniaque existe dans l’air, non pas comme vapeur libre, mais comme sels ammoniacaux, carbonate, nitrate, nitrite, corps solides, seulement maintenus dans l’air à l’état de poussières flottantes. Son origine est double : elle est engendrée au moment des orages par l’étincelle électrique traversant l’air humide ; elle vient aussi de la fermentation et de la putréfaction de toutes les matières azotées. Les études de M. Schlœsing ont montré que (cette substance exécute une sorte de circulus. Elle passe d’abord de l’air dans la terre végétale ; chaque hectare de terre reçoit ainsi une quantité de sel ammoniacal qui peut varier de 12 à 50 kilogrammes par an et qui constitue un engrais chimique utilisé par les plantes. La destruction du végétal la restitue ensuite à l’atmosphère. Le taux où elle y existe est du même ordre de grandeur que pour les élémens précédens : 100 000 mètres cubes d’air en contiennent en moyenne 1 mmg,5. La fixité relative de l’ammoniaque est assurée dans l’air par un mécanisme très analogue à celui dont il a déjà été question à propos de l’acide carbonique. L’eau de la mer dissout le sel ammoniacal en proportions relativement considérables, — presque d’un demi-milligramme par litre, — le sel se dissocie et abandonne l’ammoniaque à l’air, ou bien il se reconstitue et la lui reprend, selon que la pression s’abaisse ou se relève.

Les autres gaz ou vapeurs peuvent être regardés comme des souillures de l’air : l’oxyde de carbone se rencontre accidentellement au voisinage des lieux habités ; le formène s’y trouve auprès des marécages ; l’acide sulfureux aux alentours des volcans, et il se transforme en partie en acide sulfurique qui se fixe à la vapeur d’eau et se dépose avec elle ; l’hydrogène sulfuré se dégage des dépôts de matières organiques ; l’iode, enfin, a été trouvé très fréquemment dans l’air et dans les eaux pluviales.

Les gaz dont il nous reste à parler n’ont pas ce caractère de souillure ou d’élément accidentel ; ils ne proviennent pas des composés qui existeraient à la surface, mais au contraire ils constituent les élémens les plus anciens et les plus spéciaux du milieu gazeux ; enfin, au lieu de participer à la constitution de l’atmosphère dans les infimes proportions des précédens, à l’état de traces, de dix-millièmes ou de cent-millièmes, leur ensemble forme près d’un centième de l’atmosphère, c’est-à-dire qu’il y est cent ou mille fois plus abondant.