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Association, il appelait l’attention sur cette question, et il annonçait son projet. Depuis lors il a achevé la détermination de la densité de l’oxygène, qu’il a fixée à 15,82, celle de l’hydrogène étant 1. Ce nombre exprime donc le poids atomique définitif de l’oxygène.

En arrivant à l’azote, le physicien anglais se heurte à l’anomalie qui a été précédemment signalée. Lorsque, après avoir préalablement dépouillé l’air des élémens accessoires que l’on y sait exister, il en extrait l’azote en faisant absorber l’oxygène par le cuivre chauffé au rouge, il trouve cet azote atmosphérique plus lourd que l’azote chimique extrait des composés ammoniacaux. Cette différence l’étonne. Sans doute elle pourrait s’expliquer en supposant l’azote atmosphérique constitué par le mélange à l’azote pur, à l’azote chimique léger, d’un gaz plus lourd que lui ; mais la supposition de ce gaz inconnu est trop contraire à l’opinion régnante pour qu’il y ait lieu de s’y attacher tout aussitôt. Ce ne sera qu’une dernière ressource, au cas où l’on ne trouverait pas d’autre explication. Avant cela, il faut s’assurer que cette autre explication n’existe pas ; il faut s’adresser aux chimistes, leur demander leur avis ; et c’est ainsi sans doute que prit naissance cette association avec M. W. Ramsay qui fut, par la suite, si féconde.

Ainsi, comme son prédécesseur Cavendish, lord Rayleigh ne tira pas tout d’abord la conclusion de son expérience. Les chimistes qu’il consulta sur les causes de cette anomalie de la densité de l’azote répondirent qu’elle était due sans doute à une dissociation partielle de la molécule de l’azote. Les faits de ce genre ne sont pas sans exemple. Il pouvait donc se faire que la molécule d’azote se dissociât dans quelqu’une des phases de la préparation, et le résultat eût été précisément une diminution de la densité. On admet en effet, suivant le principe d’Avogadro, que dans les conditions normales les gaz renferment le même nombre de molécules sous le même volume. Si donc nous considérons un volume déterminé occupé par une masse de gaz, à chaque fois qu’une molécule se dédoublera, le volume augmentera, ou, si l’on considère un volume égal, il contiendra une molécule de moins pour chaque dédoublement opéré, et par conséquent moins de matière pesante ; son poids diminuera. L’hypothèse que l’azote chimique contiendrait des molécules dissociées conviendrait donc pour expliquer la diminution de son poids spécifique par rapport à l’azote atmosphérique considéré comme tout à fait pur, et dans