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LA DETTE ANGLAISE


I

La Grande-Bretagne mérite de nous servir d’exemple en matière financière. Il n’y a pas de meilleure preuve à l’appui de ce dire que l’histoire de la Dette anglaise. La plus ancienne de celles qui pèsent aujourd’hui sur les peuples civilisés, elle est cependant celle qui, en Europe, diminue le plus rapidement. Au cours des deux siècles qu’embrasse son existence, elle a suivi des fortunes diverses : née au lendemain de la Révolution qui chassa définitivement les Stuarts et mit Guillaume d’Orange sur le trône d’Angleterre, elle s’accrut au cours des diverses guerres qui agitèrent l’Europe au XVIIIe siècle, succession d’Espagne, succession d’Autriche, guerre de Sept ans ; elle fut plus que doublée lors de la guerre de l’Indépendance américaine, si bien qu’à la veille de la Révolution française elle atteignait un chiffre de plusieurs milliards de francs, considérable pour l’époque. Plusieurs fois, au XVIIIe siècle, des périodes de paix furent mises à profit par les hommes d’Etat britanniques pour réduire le fardeau des engagemens contractés aux jours d’épreuve. Avec plus ou moins de succès, des procédés divers furent employés à cet effet : tous indiquaient la préoccupation constante des ministres de faire disparaître le plus promptement possible les charges imposées à la nation par les luttes extérieures. Néanmoins la dette augmentait deux ou trois fois plus vite en temps de guerre qu’elle ne diminuait dans les intervalles.

Mais les efforts de l’Angleterre de 1689 à 1703 furent peu de