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d’administration, de sorte qu’il ne restait que 2 millions pour l’amortissement. Aujourd’hui la Dette ne coûte que 25 millions, soit 22 pour 100 du budget, et, sur ce chiffre, 7 millions sont consacrés à l’amortissement. Ce service annuel exigeait en 1837 près de 22 shillings par tête d’habitant ; aujourd’hui 9 shillings. La charge totale en capital représentait alors 34 livres, aujourd’hui 16 livres par tête : car, bien que la Dette n’ait pas diminué de moitié, l’augmentation de la population fait que le fardeau en est réparti dans cette proportion. Le crédit de l’Etat s’est amélioré au point que 3 livres de rente, qui s’achetaient en 1837 pour 89 livres, en coûtent 121 à l’heure actuelle.

Le chancelier est heureux d’énumérer, au nombre des amortissemens qu’il a opérés au cours de l’année, celui de 1 million 1/2 sur la dette flottante : celle-ci ne consiste plus qu’en bons du Trésor (Treasury bills). Il n’y a plus en circulation ni obligations de l’Échiquier (Exchequer bonds), dont les dernières avaient été émises par le premier lord de l’Amirauté, ni bons de l’Echiquier (Exchequer bills), dont l’usage avait été inauguré il y a deux siècles par Charles Montagu, et qui ont rendu de grands services au Trésor anglais. Mais le fait qu’ils sont émis à cinq ans d’échéance et qu’ils peuvent cependant servir à l’acquittement de certains impôts rend difficile la fixation du taux d’intérêt qu’il convient de leur attribuer. Si le chancelier l’établit trop haut, il cause un préjudice au Trésor ; trop bas, il court le risque de les voir se présenter au remboursement à un moment inopportun.

Quelle force ne donne pas une situation semblable ! Quel courage une nation ne puise-t-elle pas dans une histoire financière, qui lui rappelle les sacrifices qu’elle a pu supporter à une époque où sa population était la moitié de ce qu’elle est aujourd’hui et sa fortune n’était que l’embryon de ce qu’elle est devenue ! Les Anglais ne comprendraient pas le langage des orateurs qui ne cessent de nous parler de budget incompressible et de nous répéter qu’il faut renoncer à voir jamais diminuer nos charges fiscales. Il y a eu plus d’une période dans ce siècle où le total des dépenses publiques a été inférieur en Angleterre à celui de l’année précédente ; en tout cas, il y a eu diminution constante des dépenses relatives à la Dette, puisqu’elles ne dépassent guère en 1898, abstraction faite de l’amortissement, la moitié de ce qu’elles étaient en 1830. Grâce à la sage mesure qui a soustrait ce chapitre au vote annuel du Parlement, le montant fixe consacré