Montpellier, qui découvre l’insecte destructeur, le phylloxéra. Ses ravages s’étendent, bientôt tout notre vignoble est envahi ; c’est encore Planchon qui montre qu’en greffant nos vignes françaises sur des pieds américains résistant au phylloxéra, on peut vivre avec l’ennemi.
Ces maladies ne sont pas les seules qui se soient attaquées à la vigne. En 1885, le mildew a détruit une partie de la récolte en France et on Italie ; comme toujours, c’est d’un laboratoire qu’est parti le remède : M. Millardet, de la Faculté de Bordeaux, prépare la bouillie bordelaise, mélange de chaux et de sulfate de cuivre, qui, répandu sur les feuilles de vigne, les préserve du ravage du mildew, ou peronospora viticola. Cette découverte est féconde ; depuis longtemps déjà, de Bary avait reconnu que la maladie de la pomme de terre est due au phytophtora infestans ; dès 1885, M. Prillieux, professeur à l’Institut agronomique, prévit que le mode de traitement, efficace contre un de ces champignons, devait l’être sur l’autre ; les essais réussirent ; aujourd’hui, on traite à la bouillie bordelaise les champs de pommes de terre et on met ainsi une de nos plus importantes cultures à l’abri des atteintes du parasite redoutable, qui entraîna naguère de si terribles souffrances.
Toutes les fois que des êtres vivans, de même espèce, sont accumulés sur des espaces restreints, les maladies parasitaires ont beau jeu ; aussi bien que les plantes, les animaux sont atteints. Il y a quarante ans, nos départemens méridionaux furent profondément éprouvés par la maladie des vers à soie ; après une existence languissante, ils mouraient, sans pouvoir monter à la bruyère pour Hier leur cocon ; les éducateurs se désespéraient, perdaient courage, on parlait de couper les mûriers. Emu de la détresse de ses compatriotes, J.-B. Dumas demande à Pasteur d’essayer de sauver de la ruine nos magnaneries. « Comment le pourrais-je faire ? dit Pasteur ; de ma vie, je n’ai vu un ver à soie. — Tant mieux ! répond Dumas, vous n’aurez pas d’idées préconçues. » On sait avec quelle ardeur, pendant plusieurs saisons, M. Pasteur étudia cette maladie et comment il en triompha. Il y a trente ans, lorsqu’il s’attaqua à la doctrine des générations spontanées et démontra victorieusement par une série d’expériences rigoureuses, inattaquables, qu’aucune fermentation n’apparaît si on n’introduit dans la matière fermentescible un germe extérieur, on pouvait croire que c’était là encore une étude d’un