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haut intérêt sans doute, ajoutant à nos connaissances, mais sans portée pratique… Et cependant, ces admirables expériences de laboratoire ont engendré toute une révolution médicale, ont renouvelé l’hygiène et conduit enfin à la préparation de cette série de vaccins auxquels on doit la préservation de bien des vies humaines et d’un nombre incalculable de bestiaux.

Il n’est pas besoin d’insister. Tout le monde sait que Pasteur et ses élèves ont successivement triomphé de la maladie charbonneuse, du choléra des poules, du rouget des porcs, enfin de la rage !

Ainsi, c’est à la science seule que l’agriculture doit, d’une part, la connaissance d’engrais efficaces, capables de doubler les rendemens, et, d’autre part, des remèdes contre les maladies qui attaquent les plantes et les animaux ; il semblerait donc que les administrateurs, chargés d’employer pour le plus grand bien des cultivateurs les ressources du budget, devraient favoriser de toutes leurs forces les recherches scientifiques, encourager les travaux, multiplier les établissemens consacrés à ces recherches. — Point. — Le rapport ministériel n’aborde pas ce sujet. — Il déplore que l’enseignement soit stérile ; mais il ne conclut pas résolument qu’il faut l’engager dans une voie nouvelle, et qu’au lieu de se borner à répéter le peu que nous savons, il faut parcourir le champ immense qui s’étend devant nous, qu’il faut observer et découvrir.


III. — CONDITIONS DE RÉUSSITE DES STATIONS AGRONOMIQUES

Le rapport de M. le Ministre de l’Agriculture reconnaît que les écoles pratiques sont trop nombreuses ; on ne peut, ni on ne veut les supprimer ; il faut donc les transformer. Or, s’il est établi que les progrès agricoles dérivent toujours des découvertes scientifiques, il est manifeste qu’aucune création ne contribuera davantage à ces progrès que la transformation d’un certain nombre d’écoles pratiques en stations agronomiques, c’est-à-dire en établissemens spécialement destinés à aplanir, par l’expérience, les innombrables obstacles sur lesquels buttent à chaque pas les cultivateurs. La conclusion s’impose, car s’il est certain qu’il ne suffit pas de fonder une station pour qu’il en sorte tout à coup d’excellens travaux, s’il n’est pas sûr qu’en cherchant on trouvera, il est encore plus manifeste qu’en ne cherchant pas on