SOTILEZA TROISIEME PARTIE (1) XIII. — LR CERCLE D ANDRE Un soir de fête, André causait avec quelques marins à la porte de la Zanguina. Il manquait deux hommes pour compléter l’équi- page d’un bateau-piiote qui devait aller chercher un navire au Sar- dinero; lo cas était urgent et le pilote s’impatientait. « Voilà mon affaire, » pensa André. Et il s’offrit généreusement pour prendre une des deux places. Gomme on le considérait fort en cet endroit, parce qu’il était le fils de son père, on s’empressa d’accepter sa proposition. Plus heureux que s’il venait de gagner à la loterie, le jeune homme courut au môle, devançant tout le monde : il sauta le premier dans la barque, il disposa sa rame sur le côté le plus faible, il déposa sa veste sous le banc, appuya fortement ses pieds sur l’appui... et déjà il était triomphant. La barque sor- tit du port, elle prit le navire à l’ouest de la Peila de Mouro, et quand elle eut été amarrée à son flanc, André monta à son bord avec le pilote. Autre sujet de joie et d’orgueil, entièrement nou- veau pour l’ardent jeune homme ! Entrer au port sur le pont d’un brigantin toutes voiles dehors, assister aux manœuvres du bord, aux précautions prises par le capitaine, l’esprit tout entier aux commandemens et aux signaux du pilote ; entendre l’àpre grincement de la poulie et le chant triste et cadencé des hommes (1) Voyez la Revue des i" et 1;> septembre. TOME CXLIX. — 1898. 31
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