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Distillation. — C’est ce qu’a fait, tout récemment, W. Ramsay avec le concours d’un de ses élèves, M. Travers, et il a constaté ainsi que l’argon, soi-disant purifié, est encore mélangé d’autres gaz. On voit se reproduire pour lui ce qui était arrivé pour l’azote. L’argon atmosphérique est un mélange, comme l’azote atmosphérique. Il contient l’argon chimique, l’argon pur, comme l’autre contenait l’azote pur, l’azote chimique. À cette partie principale s’ajoutent les élémens secondaires dont il reste à parler.

MM. Ramsay et Travers ont donc liquéfié l’argon dans l’appareil d’Hampson en ralentissant autant que possible l’opération. On voit alors des glaçons se déposer sur les parois et nager à la surface du liquide. Ce gaz solidifié est le métargon. On peut, en évaporant le liquide qui le baigne, isoler le dépôt de métargon, puis le laisser retourner à l’état de gaz et l’étudier. Les chimistes anglais en ont obtenu ainsi 160 centimètres cubes. Cette petite quantité leur a suffi pour examiner le spectre, déterminer la densité, et établir le poids atomique en mesurant la vitesse de propagation du son dans le gaz. Cette étude montre que le métargon est un élément très voisin de l’argon, comme l’exprime son nom ; il a presque la même densité (19,87) et le même poids atomique ; il s’en distingue par son spectre à bandes et par sa solidification précoce.

L’argon liquéfié qui baignait les glaçons de métargon, s’il est évaporé convenablement, laisse échapper au début un gaz différent de l’argon véritable qui passe ensuite. C’est dire que le liquide, au lieu d’être un corps unique, est un mélange d’au moins deux liquides inégalement volatils et que l’on peut essayer de séparer en fractionnant la distillation. C’est ainsi qu’ont procédé les savans anglais. Ils ont fait le vide dans l’appareil et recueilli à part le gaz le premier formé. C’est le néon.

Ce corps nouveau est le plus léger des élémens de l’air. A la vérité, son poids spécifique par rapport à l’hydrogène a été trouvé un peu supérieur à celui de l’azote ; mais il est certain qu’il lui est très inférieur en réalité. Le néon obtenu dans l’opération un peu grossière dont nous venons de parler, est assurément impur et mélangé de gaz plus lourd qui intervient pour forcer le chiffre de sa densité. L’analyse spectrale a bien montré cette souillure du néon. Son spectre, d’ailleurs si remarquable à beaucoup d’égards, est troublé en effet par la superposition de celui de l’argon : il n’en