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brillantes, d’Ammonites très variées, d’agiles Bélemnites, on constate que l’activité était beaucoup plus grande au sein des eaux que dans les temps antérieurs. Nous n’avons pas de preuves qu’il en fût ainsi sur la terre ferme.

L’Oolite fait suite au Lias ; le monde animé continue à grandir, à se multiplier et en même temps à se diversifier. Notre musée a de magnifiques séries d’Invertébrés avec lesquels les nombreux amateurs qui vont chercher des fossiles à Boulogne, au Havre, à Trouville, à Villers, à la Rochelle, etc., pourront faire leurs déterminations. Nous avons aussi quelques Vertébrés précieux. Mais nos échantillons sont insignifians comparativement aux reptiles réunis dans Yale College, à New Haven, par M. Marsh. Ce grand savant m’a montré des animaux plus extraordinaires les uns que les autres : le Brontosaurus long de 15 mètres, l’Atlantosaurus auquel il attribue 24 mètres, le Stegosaurus dont le dos portait de si hautes et si bizarres plaques qu’il faut les toucher pour y croire, bien d’autres encore. Après avoir, dans des expéditions dangereuses, multipliées, qui ont coûté des sommes énormes, réuni les plus étonnantes bêtes des temps passés, le professeur Marsh vient d’en faire don à Yale College : c’est un présent tel qu’aucun roi ne pourrait en offrir !

Des vitrines de l’Oolite, le visiteur passera à celles de l’Infracrétacé, puis à celles du Crétacé. Elles suggèrent la même remarque que les précédentes : nos collections d’Invertébrés sont très belles, celles des Vertébrés sont inférieures à ce qu’on voit dans plusieurs musées étrangers. Nous devons faire exception pour les immenses Pythonomorphes, ainsi nommés parce qu’à certains égards, ils rappellent un peu la fiction du Serpent de mer ; aux Pythonomorphes que nous possédions, la Compagnie de Saint-Gobain vient d’ajouter un squelette qui repose sur la craie où il était engagé ; deux savans belges bien connus, MM. Lemonnier et De Pauw, nous ont donné aussi d’intéressans échantillons.

Lorsque l’on considère dans son ensemble l’ère secondaire, on constate de telles différences avec l’ère primaire qu’un débutant en paléontologie ne les confondra pas. Les êtres se sont multipliés, ils présentent une merveilleuse diversité ; ce ne sont plus des créatures condamnées à une existence passive ; l’activité augmente. Plusieurs des quadrupèdes sont devenus des géans. Mais ce sont des géans stupides ; l’intelligence est encore peu développée ; les mammifères sont petits et rares.