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breuses découvertes de l’éminent paléontologiste de Reims celles qui ont été faites dans le Puerco et dont le professeur Osborn nous a envoyé d’intéressans échantillons, on constate qu’au début des temps tertiaires les mammifères étaient encore peu avancés dans leur évolution ; ils étaient rares, petits ; plusieurs n’avaient pas dépassé le stade marsupial ; ils avaient un cerveau très imparfait.

La plus célèbre de nos collections est celle des fossiles du gypse de Paris, car c’est avec eux que Georges Cuvier a fondé la paléontologie. Nous les avons disposés de telle sorte que chacun pourra les étudier facilement. On verra notamment plusieurs espèces de Paléothérium, qui sont voisins des Tapirs et des Rhinocéros actuels, et cependant se distinguent des premiers par leurs molaires, des seconds par leurs incisives ; ce sont donc des animaux d’un genre particulier. L’Anoplothérium, leur contemporain, fournit une démonstration encore plus frappante de l’existence de genres fossiles différens de ceux d’aujourd’hui, car ses dents et ses pattes ne ressemblent à celles d’aucune bête de notre époque. Le Chœropotamus, le Dichobune, le Xiphodon, sont aussi des genres bien spéciaux, comme Cuvier l’avait reconnu. Il y a en Vaucluse des lignites où l’on rencontre à peu près les mêmes animaux que ceux du gypse de Paris ; nous en possédons une belle série. Tout cela représente la fin de l’Éocène.

Après l’Éocène vient l’Oligocène, ainsi nommé parce que les formes actuelles ne sont plus à leur aurore, mais sont encore peu nombreuses. La France a des gisemens admirables de Vertébrés oligocènes. Les phosphorites, activement recherchés pour l’agriculture, ont fourni des fossiles d’une remarquable conservation qui ont été habilement étudiés par Gervais, M. Filhol, et plusieurs autres naturalistes français et étrangers ; on en a surtout trouvé dans le Tarn-et-Garonne, à Caylus et à Saint-Antonin. Comme leurs restes sont très nombreux, il a été possible de juger de l’importance des mutations que les formes anciennes ont subies. Les environs du Puy ont aussi été l’objet de belles découvertes ; Aymard, archiviste du Puy, a exploré pendant trente ans les marnières du faubourg de cette ville appelé Ronzon ; il y a observé des quadrupèdes qui ont une singulière ressemblance avec ceux du Nebraska. Enfin, les carrières de Saint-Gérand-le-Puy, près de Vichy, sont une mine intarissable de richesses paléontologiques. Les personnes que leur santé appelle à Vichy pourraient utiliser leurs longs loisirs en allant dans les carrières de Saint-Gérand,